Lors de son passage remarqué hier soir sur le plateau de TF1, dans le cadre d’un débat très suivi par les téléspectateurs, Emmanuel Macron a abordé un sujet sensible qui touche directement certains Algériens en France : celui du mariage pour les personnes sous Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Cette intervention du président de la République a marqué un tournant, en apportant une réponse claire à une polémique relancée ces dernières semaines, notamment par Robert Ménard, maire de Béziers, qui a lui-même fait les frais d’un vide juridique autour de cette question.
Macron s’est déclaré favorable à l’inscription rapide à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale d’une proposition de loi visant à interdire le mariage d’un individu placé sous OQTF. Cette annonce fait directement écho à des cas précis dans lesquels des Algériens sous OQTF, résidant en France et en situation irrégulière, ont souhaité contracter un mariage avec des citoyennes françaises. Pour Emmanuel Macron, cette situation, bien que couverte par le principe de la liberté de se marier, révèle un déséquilibre entre la protection des droits individuels et le respect des décisions administratives d’expulsion.
Le président a estimé que ce type de cas soulève des problèmes d’interprétation du droit. Selon lui, la loi, dans sa forme actuelle, ne permet pas aux autorités locales de s’opposer légalement à ces mariages, même si la personne concernée est visée par une OQTF et, parfois, connue pour des antécédents judiciaires. C’est précisément ce que dénonce Robert Ménard, qui pourrait bientôt être condamné pour avoir refusé d’unir un Algérien sous OQTF à une Française. L’élu affirme qu’il ne s’agissait pas d’un acte discriminatoire mais d’un devoir de prudence face à une situation qu’il jugeait anormale. Il appelle désormais à une réforme du droit pour permettre aux maires de refuser ce type d’union.
Dans ce contexte tendu, Emmanuel Macron a répondu sans détour en affirmant que le cas soulevé est révélateur d’un « droit mal fait ». Il a reconnu que le mariage reste une liberté fondamentale en France, mais il a également exprimé le souhait que cette question ne reste pas sans réponse législative. En déclarant vouloir inscrire « rapidement » cette proposition de loi à l’ordre du jour, Macron montre sa volonté de réagir concrètement aux préoccupations des maires et d’encadrer plus strictement les mariages impliquant des Algériens sous OQTF vivant en France, tout en respectant les principes constitutionnels.
Les conséquences de cette future réforme pourraient être significatives pour une partie de la population algérienne résidant en France. Le mariage avec un ou une citoyen(ne) français(e) représente souvent, pour certains Algériens sous OQTF, une opportunité de régularisation de leur situation. Si la loi venait à changer, elle rendrait ce levier juridique beaucoup plus difficile d’accès, modifiant profondément les stratégies individuelles et les recours possibles. La décision de Macron, en visant spécifiquement les mariages de personnes sous OQTF, touche donc un segment précis de la population algérienne en France, ce qui explique l’attention médiatique qu’elle suscite déjà.
Cette prise de position du chef de l’État intervient dans un climat politique où l’immigration et le contrôle des flux migratoires sont au centre des débats, notamment en période de pré-campagne électorale pour les présidentielles de l’année 2027. En France, où les mariages mixtes impliquant des Algériens sont fréquents, une telle mesure pourrait redessiner les contours du droit au séjour pour les personnes en situation irrégulière. Le sujet est d’autant plus sensible que de nombreuses associations de défense des droits de l’homme s’inquiètent d’une dérive vers une législation discriminatoire ciblant implicitement certaines nationalités, dont les Algériens en France.
Reste à savoir comment cette proposition de loi sera formulée et discutée au sein de l’Assemblée. Emmanuel Macron a précisé qu’il ne s’agissait pas de remettre en cause le droit au mariage en soi, mais de corriger une faille juridique qui, selon lui, laisse place à des abus. La France, en accueillant depuis des décennies une importante communauté d’Algériens, doit désormais arbitrer entre la protection des droits individuels et l’efficacité des décisions administratives liées à l’immigration. Ce nouvel épisode montre que le débat est loin d’être clos.