L’histoire d’Eva Marty et de son compagnon algérien a pris une tournure politique et judiciaire qui dépasse largement le cadre intime d’un mariage. Mardi 4 mars, lors d’une conférence de presse à Béziers, la jeune femme a dénoncé avec émotion l’attitude du maire de la ville, Robert Ménard, qui avait refusé de célébrer leur union en juillet 2023. La raison invoquée par l’édile : la situation irrégulière du futur marié, visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Pour Eva Marty, cette décision n’était pas motivée par un souci administratif, mais bien par une volonté délibérée de faire de son couple un symbole politique. « Robert Ménard m’a avoué ce jour-là qu’il savait que [notre mariage] n’était pas un mariage blanc, mais qu’il souhaitait alerter […] sur le fait que moins de 8% des OQTF étaient appliquées », a-t-elle confié face aux journalistes. Un aveu qui, selon elle, démontre clairement que leur histoire a été utilisée pour illustrer un discours sécuritaire et anti-immigration.
Ce refus a eu des conséquences dramatiques pour le couple. Deux semaines après l’annulation de la cérémonie, le compagnon d’Eva Marty a été expulsé vers l’Algérie, laissant la jeune femme face à un avenir incertain. « C’est Robert Ménard qui fait de la politique en sacrifiant des années de bonheur de gens simples comme nous. C’est lui qui utilise sa position comme une tribune pour faire passer son projet. On a droit au bonheur et il s’est acharné sur nous », a-t-elle dénoncé avec colère.
De son côté, le maire de Béziers assume pleinement sa décision. Convoqué devant le procureur de la République de Montpellier le 18 février dernier, il a qualifié la situation d’« ubuesque » et a refusé de « plaider coupable » pour ne pas avoir célébré ce mariage. Ce refus a entraîné l’ouverture d’une procédure judiciaire qui se poursuivra devant le tribunal correctionnel à une date encore indéterminée.
Malgré les obstacles, Eva Marty ne renonce pas à son projet de mariage. Avec son compagnon désormais en Algérie, elle explore une autre possibilité : officialiser leur union dans le pays d’origine de ce dernier. Ce mardi, elle a été auditionnée par un officier d’état civil afin d’obtenir un « certificat de non-opposition », document indispensable pour célébrer un mariage à l’étranger. Si la mairie de Béziers venait à refuser de lui délivrer ce certificat, elle pourrait engager de nouvelles démarches judiciaires pour faire valoir ses droits.
Loin d’être un simple fait divers, cette affaire soulève de nombreuses questions sur l’ingérence des élus locaux dans la vie privée des citoyens, sur la politisation des procédures administratives et sur le sort des couples séparés par les politiques migratoires. Entre bataille judiciaire, décisions administratives et débat national sur l’immigration, le combat d’Eva Marty et de son compagnon est loin d’être terminé.
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