Algérie – Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement National, a récemment exprimé son intention de suivre un modèle qu’elle admire particulièrement : celui de Donald Trump. Dans une interview accordée à LCI le 29 janvier, elle a expliqué sa volonté d’appliquer une approche similaire à celle de l’ex-président américain en matière d’expulsion, en ciblant spécifiquement les ressortissants algériens en situation irrégulière en France. Cette déclaration s’inscrit dans un contexte où les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie sont déjà tendues, et Marine Le Pen semble vouloir durcir le ton.
Lors de son intervention, Marine Le Pen a clairement affiché son intention de faire pression sur l’Algérie, s’inspirant d’une situation qui a marqué la présidence de Donald Trump : l’expulsion massive de migrants colombiens. Trump, lorsqu’il faisait face à un refus par Bogota d’accepter des expulsions de citoyens colombiens, avait réagi par des sanctions sévères. Celles-ci comprenaient des augmentations des droits de douane sur les produits exportés vers les États-Unis, ainsi qu’une série de restrictions sur les visas pour les responsables colombiens. Marine Le Pen, dans la même veine, a évoqué l’idée de cesser tous les transferts d’argent vers l’Algérie, d’interdire l’octroi de visas aux dirigeants algériens et de s’attaquer aux biens détenus par l’élite algérienne sur le sol français.
Cependant, bien que ces propositions soient très médiatisées, elles soulèvent des questions quant à leur faisabilité sur le plan diplomatique et économique. En effet, ces leviers de pression ont des limites notables, surtout dans le cadre des relations complexes entre la France et l’Algérie. Un premier obstacle majeur réside dans le fait que, même en limitant les visas, il est relativement facile pour les ressortissants algériens de contourner la réglementation en passant par d’autres pays européens. Grâce à l’accord de Schengen, un Algérien pourrait obtenir un visa espagnol ou italien et entrer librement en France. Par conséquent, les restrictions sur les visas risquent de se révéler moins efficaces que prévu.
La menace d’actions douanières, telle que l’augmentation des droits de douane sur les produits algériens, est également confrontée à un obstacle de taille : l’accord au sein de l’Union Européenne. Une telle décision ne pourrait être prise unilatéralement par la France, car elle nécessiterait l’accord des autres États membres. Le blocage des transferts d’argent ou des restrictions économiques aurait un impact limité en raison de la faible proportion d’aide au développement que la France octroie à l’Algérie, qui ne représente qu’une fraction infime du PIB algérien, estimé à 247 milliards de dollars en 2023.
Ces défis soulignent la difficulté de mettre en œuvre une politique aussi radicale que celle suggérée par Marine Le Pen. D’ailleurs, certains spécialistes des relations internationales avertissent que des déclarations de ce type risquent de nourrir le discours anti-français déjà véhiculé par le gouvernement algérien. Ce dernier utilise régulièrement l’histoire de la colonisation comme un outil politique pour renforcer son pouvoir interne et pour se positionner face à l’Occident. En ce sens, les propositions de Marine Le Pen pourraient avoir des effets contre-productifs, renforçant ainsi le narratif qui décrit la France comme un ancien colonisateur arrogant.
Il est également important de noter que dans cette même interview, Marine Le Pen a fait une remarque sur la colonisation, affirmant que si elle comprenait le désir de certains peuples d’obtenir leur indépendance, elle ne croyait pas que la colonisation ait été un « drame » pour l’Algérie. Cette position risque de raviver les tensions entre les deux pays, étant donné la sensibilité de cette question dans le discours politique algérien. En effet, l’Algérie voit encore aujourd’hui la colonisation comme une période douloureuse et humiliante, et de telles déclarations peuvent attiser la colère de la population algérienne, voire de la classe dirigeante.
En somme, bien que Marine Le Pen puisse chercher à appliquer une politique de fermeté inspirée de l’exemple de Donald Trump, ses propositions semblent confrontées à plusieurs obstacles pratiques et diplomatiques. En outre, elles risquent de compliquer encore davantage les relations entre la France et l’Algérie, avec un impact possible sur la perception qu’ont les Algériens de la France et ses politiques. Les enjeux géopolitiques liés à ces propositions sont multiples, et il faudra suivre de près l’évolution de cette situation pour voir si ces idées se concrétiseront dans la politique étrangère de la France.
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