Maroc : Londres revoit sa position, Alger réagit fermement

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Alger, par la voie de son ministère des Affaires étrangères, a exprimé une réaction ferme à la suite de l’évolution de la position britannique sur la question du Sahara occidental, que colonise le Maroc, depuis de nombreuses années. Ce changement diplomatique, perçu comme un soutien implicite au plan d’autonomie marocain, a suscité une réponse officielle de la part d’Alger, soulignant un nouveau point de tension dans la région. Dans un communiqué diffusé dimanche, le ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines a déclaré : « L’Algérie a pris connaissance de la nouvelle position adoptée par le Royaume-Uni sur la question du Sahara occidental. »

Ce plan, porté par le Maroc depuis près de deux décennies, consiste à proposer une autonomie encadrée du Sahara occidental sous souveraineté marocaine. Toutefois, Alger rappelle que ce projet n’a jamais été accepté par les Sahraouis, ni considéré comme une base crédible de négociation par les représentants onusiens. « En dix-huit ans d’existence, ce plan n’a jamais été soumis aux Sahraouis comme base de négociation, de même qu’il n’a jamais été pris au sérieux par les Envoyés onusiens qui se sont succédé à ce poste. Ces derniers avaient tous relevé la vacuité de l’initiative marocaine d’autonomie et son inaptitude à offrir une solution sérieuse et crédible au conflit du Sahara occidental », précise encore le communiqué.

Dans cette déclaration officielle, Alger souligne également que le plan d’autonomie marocain ne visait pas à résoudre le conflit mais à le figer, empêchant toute avancée vers une solution durable. Selon Alger, « ses visées ont toujours été d’occuper l’espace pour empêcher toute recherche d’un règlement sérieux, de permettre au Maroc de gagner du temps et d’accoutumer progressivement et graduellement la communauté internationale au fait accompli de l’occupation illégale du Sahara occidental ».

Toutefois, Alger reconnaît certaines nuances dans la déclaration du Royaume-Uni. Le ministère affirme que Londres n’a pas explicitement reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. « L’Algérie relève, néanmoins, que le Royaume-Uni n’a ni évoqué, ni apporté son soutien à la prétendue souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara occidental et ne cautionne donc pas l’occupation illégale de ce territoire non-autonome au sens de la légalité internationale », précise le texte. Cette mention démontre que si un rapprochement avec la position du Maroc a bien eu lieu, il ne s’agit pas d’un alignement total sur les thèses de Rabat.

Alger note par ailleurs que, lors d’une conférence de presse récente, le Secrétaire d’État britannique a tenu à rappeler l’attachement de son pays au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. « À l’occasion de la Conférence de presse, le Secrétaire d’État britannique a publiquement et solennellement réaffirmé l’attachement du Royaume-Uni au principe du droit à l’autodétermination », indique encore le ministère.

Dans un contexte régional tendu, où le Maroc cherche à renforcer son influence diplomatique auprès des grandes puissances, la réaction d’Alger se veut à la fois critique et mesurée. Le communiqué ministériel conclut en formulant un espoir : « Au vu de cette double particularité de la nouvelle position britannique sur la question du Sahara occidental, l’Algérie forme le vœu, qu’en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, le Royaume-Uni continuera de tenir le Maroc comptable de ses responsabilités internationales et qu’il continuera aussi de veiller au respect de la légalité internationale et en particulier la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation. »

Ce développement vient raviver les tensions entre Alger, le Maroc et les partenaires internationaux impliqués dans ce dossier sensible. Le changement de posture britannique met en lumière les dynamiques géopolitiques mouvantes autour de la question saharienne. Alors que le Maroc cherche un soutien élargi à son plan d’autonomie, Alger maintient sa position constante sur l’application du droit international et le respect du droit à l’autodétermination, appelant les grandes puissances, y compris le Royaume-Uni, à ne pas encourager une normalisation de l’occupation. Le dialogue reste ouvert, mais la fermeté d’Alger vis-à-vis du Maroc ne laisse guère de doute sur la complexité durable de cette question.