Maroc : une ministre admet que les sanctions de l’Algérie « font mal »

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Depuis plus de trois ans, les sanctions imposées par l’Algérie au Maroc n’ont cessé de marquer l’économie marocaine. Bien que l’État marocain ait maintenu une communication laconique et discrète à ce sujet, des faits ont récemment émergé, mettant en lumière les lourdes conséquences de ces mesures. C’est d’ailleurs la ministre marocaine de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Rachel Benali, qui a pris la parole pour reconnaître l’ampleur de ces conséquences économiques, en particulier dans le secteur de l’énergie.

Dans une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, Leila Rachel Benali a abordé la question des sanctions algériennes et de leur impact direct sur le Maroc, notamment sur le plan énergétique. En novembre 2021, l’Algérie a décidé de couper le fonctionnement de l’important gazoduc Maghreb-Europe, qui traversait le Maroc pour approvisionner l’Espagne en gaz algérien. Cette décision a non seulement stoppé une source d’approvisionnement en gaz gratuite pour le Maroc, mais elle a aussi engendré des pertes colossales liées aux droits de passage que le royaume percevait en raison de l’utilisation de son territoire pour le transport du gaz.

Dans son intervention, la ministre a évoqué l’impact direct sur les entreprises et la population. Selon ses mots, l’interruption de l’approvisionnement en gaz a eu des effets dramatiques sur l’économie, avec la fermeture d’usines, la mise au chômage de milliers de travailleurs, et des perturbations dans la production d’énergie. « Quand le gaz est coupé à une usine, et que trois mille travailleurs sont licenciés, l’impact est évident », a-t-elle déclaré, soulignant que ce phénomène ne se limite pas aux seules pertes financières, mais touche également le bien-être des citoyens marocains. Bien que ces déclarations aient pris place dans un contexte précis, elles rappellent les retombées de l’arrêt du gazoduc qui alimentait plusieurs stations de production d’électricité, notamment celles de « Tahaddart » et « Aïn-Béni-Mathar », situées dans l’est du pays.

Les conséquences de la coupure du gazoduc ne se sont pas limitées aux seules pertes d’emplois. Le Maroc a dû faire face à la fermeture de deux centrales électriques importantes. La centrale de « Tahaddart », par exemple, a cessé sa production pendant plus de huit mois faute d’approvisionnement en gaz. Bien que des accords aient été signés pour l’importation de gaz liquéfié depuis l’Espagne, la situation a mis en évidence les vulnérabilités du système énergétique marocain face à l’absence d’une solution de substitution à long terme.

Le rapport d’une plateforme spécialisée dans le domaine de l’énergie a révélé que l’arrêt de la centrale de « Tahaddart » a été suivi de perturbations qui ont affecté la stabilité énergétique du pays, notamment dans des régions comme la ville de Tanger, où la demande en électricité est particulièrement élevée. Le coût de ces interruptions n’a pas été uniquement financier : le retard dans la production d’énergie a eu des répercussions sur les entreprises locales et la vie quotidienne des citoyens.

Cependant, la coupure du gazoduc Maghreb-Europe ne représente qu’une partie du tableau des sanctions algériennes. Le secteur aérien a également souffert d’une politique restrictive de l’Algérie. La fermeture de l’espace aérien algérien pour les avions marocains a engendré des coûts supplémentaires pour la compagnie aérienne Royal Air Maroc, qui a dû détourner ses itinéraires vers des routes plus longues, entraînant des pertes financières supplémentaires et des désagréments pour les passagers.

Ces mesures ont donc eu des conséquences à plusieurs niveaux, et malgré l’effort du gouvernement marocain pour minimiser l’ampleur de ces effets, les faits et les témoignages des acteurs concernés viennent mettre en lumière une réalité difficile à ignorer. La situation demeure préoccupante pour le Maroc, surtout en ce qui concerne ses relations avec l’Algérie, avec des perspectives de dégel incertaines à court terme.

Il convient de noter que la ministre Benali n’a pas abordé les aspects politiques de ces tensions. Cependant, ses propos font écho à une situation économique qui continue de peser lourdement sur le Maroc, dans un contexte où les relations avec l’Algérie sont particulièrement tendues depuis plusieurs années. Les retombées économiques de ces sanctions risquent de se faire sentir bien au-delà du secteur de l’énergie, affectant toute une série d’industries et de citoyens au quotidien. Les questions liées à la gestion de ces crises continueront de susciter des débats intenses à mesure que les deux pays poursuivent leur confrontation diplomatique.

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