À l’occasion du 80e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, l’Algérie rend hommage aux milliers de victimes tombées sous les balles du colonialisme français. Dans un article percutant, l’APS, agence de presse officielle, revient sur ce drame historique en mettant la France face à ses responsabilités. La publication, d’une intensité rare, évoque un génocide prémédité, qualifié de « crime de droit international » par l’APS, qui souligne que ces événements ont fait « tomber le dernier masque du colonialisme français ».
Les manifestations pacifiques du 8 mai 1945, organisées à Sétif, Guelma et Kherrata, ont été le théâtre d’une répression sans précédent. Alors que des milliers d’Algériens descendaient dans la rue pour célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale et rappeler à la France ses engagements envers ceux qui avaient combattu à ses côtés, la réponse fut brutale. « Le premier manifestant tombé en martyr en étreignant le drapeau national, le jeune Saâl Bouzid, a mis à nu le visage brutal du colonialiste », rappelle l’APS dans son article.
L’ampleur de la violence est décrite avec précision. Pendant plusieurs semaines, les troupes coloniales françaises ont encerclé les populations, déployant artillerie lourde, navires, aviation et forces spéciales dans l’objectif d’écraser toute velléité indépendantiste. L’APS parle d’ »un crime d’État », évoquant plus de 45.000 morts, des villages entiers rayés de la carte, et des scènes d’horreur relayées à l’époque par des diplomates étrangers, dont le consul britannique John Eric Maclean, qui avait alerté son gouvernement sur la gravité des faits.
L’agence accuse également la France d’avoir cherché à effacer les traces de ces crimes. Elle affirme que les autorités françaises ont confisqué les registres d’état civil de l’année 1948, rendant difficile toute vérification précise du nombre de victimes. Pire encore, selon l’APS, des lois ont été promulguées en France pour protéger les responsables de ces actes et interdire l’accès aux archives. Cette stratégie du silence est décrite comme un prolongement du crime lui-même.
Face à ce que l’APS considère comme une tentative délibérée d’effacer une page sombre de l’histoire, l’Algérie répond par la Mémoire. Le président Abdelmadjid Tebboune a institué le 8 mai comme Journée nationale de la Mémoire, un acte fort souligné par l’APS comme étant « d’une importance capitale ». L’objectif est de rendre hommage aux « martyrs de la dignité et de la liberté », tout en transmettant l’héritage des luttes à travers les générations.
Dans ce contexte, l’APS ne ménage pas la France. À plusieurs reprises, l’agence dénonce les manœuvres françaises pour « taire, voire falsifier » la vérité historique. Elle réaffirme que la Mémoire nationale est un dossier « imprescriptible qui ne tolère ni concession ni compromis », insistant sur la nécessité de le traiter de manière « objective, audacieuse et équitable envers la vérité historique ».
Le symbole du drapeau algérien, pour lequel Saâl Bouzid a donné sa vie, demeure central dans le récit de l’APS. Confié au Musée du Moudjahid à Sétif, ce drapeau incarne, selon l’agence, la fidélité du peuple algérien au serment des chouhada, ceux qui ont sacrifié leur vie pour la liberté. L’APS le rappelle, 80 ans après les faits, le drapeau flotte toujours haut, comme témoin des souffrances du passé et des victoires de la mémoire sur l’oubli.
Dans une époque où les discours officiels français peinent à reconnaître la nature exacte des exactions coloniales, l’APS, par cet article, entend imposer une vérité que la France ne peut ignorer plus longtemps. À travers un récit nourri, documenté et sans détour, l’agence place la question mémorielle au cœur de l’actualité nationale, et donne à cette commémoration une portée politique et historique majeure.