Le 14 novembre 2024, une annonce importante a été faite par le ministre de l’Enseignement supérieur, Kamel Baddari, concernant un dossier qui touche de près les futurs médecins algériens : l’authentification de leurs diplômes. Après un mois de grève et de mobilisation dans les facultés de médecine du pays, cette décision semble répondre à l’une des principales revendications des étudiants : la reconnaissance internationale de leurs qualifications.
Les étudiants en médecine, qu’ils soient internes, externes ou en fin de cycle, ont lancé un mouvement de protestation dès le 16 octobre 2024. Leur grève illimitée, qui s’est accompagnée de rassemblements dans les campus à travers toute l’Algérie, avait pour objectif de faire entendre leurs revendications. Parmi les plus pressantes, figure la demande de levée du gel de l’homologation de leurs diplômes par les autorités algériennes. Ce gel avait été mis en place en 2018, dans un contexte où un nombre croissant de médecins algériens quittaient le pays pour exercer dans des hôpitaux européens, nord-américains, ou du Golfe. Ce départ massif avait alarmé les autorités, qui avaient cherché à limiter ce phénomène en restreignant l’authentification des diplômes, afin de conserver le capital humain médical formé en Algérie.
Ce gel de l’authentification des diplômes avait engendré une situation particulièrement problématique pour les étudiants, qui se retrouvaient dans l’incertitude quant à leur avenir professionnel. Les autorités avaient mis en place cette mesure dans le but de conserver les médecins formés localement, mais les étudiants considéraient cela comme un frein à leurs opportunités de carrière, notamment à l’étranger.
Dans ce contexte tendu, la récente annonce du ministre Kamel Baddari a été perçue comme un tournant majeur. Il a révélé que le ministère de l’Enseignement supérieur avait désormais reçu l’aval du ministère des Affaires étrangères pour permettre aux doyens des facultés de médecine de traiter directement avec les organismes internationaux concernant l’authentification des diplômes. Ainsi, les universités algériennes pourront désormais traiter directement avec des institutions comme l’ECFMG (Educational Commission for Foreign Medical Graduates), un organisme de certification des diplômes médicaux aux États-Unis, ainsi qu’avec d’autres organismes similaires à l’échelle internationale.
Ce développement pourrait représenter une avancée significative pour les jeunes diplômés en médecine, en facilitant leur insertion professionnelle à l’échelle mondiale. Pour ceux qui ambitionnent de poursuivre leur carrière en dehors du pays, la possibilité de faire authentifier leur diplôme de manière officielle par des instances internationales est un pas vers une reconnaissance et une valorisation de leur formation. En outre, cette mesure pourrait aussi atténuer la frustration des étudiants face aux conditions de travail difficiles dans les hôpitaux et les centres hospitalo-universitaires algériens, où les moyens sont souvent insuffisants et où l’encadrement laisse à désirer.
L’impact de cette décision sur le système de santé algérien reste à observer. Si elle peut constituer une solution pour limiter la fuite des cerveaux, elle ne résout pas pour autant les problèmes structurels du secteur de la santé. En effet, l’Algérie continue de faire face à un manque de moyens dans ses hôpitaux publics, à une pression croissante sur ses médecins et à une offre de formation parfois jugée insuffisante. La réforme du secteur médical, qui passe par une meilleure organisation de la formation et de l’encadrement, reste une priorité pour les autorités.
Pour les étudiants, cette avancée en matière d’authentification des diplômes est une reconnaissance de leurs efforts, mais elle ne répond qu’en partie à leurs demandes. Leur lutte continue pour de meilleures conditions d’étude, plus de postes de résidanat et une meilleure gestion de leur insertion professionnelle. En attendant, cette nouvelle mesure apporte une lueur d’espoir pour un avenir plus serein pour les jeunes médecins algériens. Reste à voir si elle sera suffisante pour apaiser la tension entre les étudiants et les autorités.
Cette réforme de l’authentification des diplômes n’est qu’une étape dans un chemin plus long de réformes nécessaires pour moderniser et améliorer le système de santé algérien. Pour le moment, elle répond à une demande pressante et marque un progrès dans la relation entre les étudiants et les institutions universitaires et gouvernementales. Il ne reste plus qu’à suivre de près les conséquences de cette décision pour voir si elle aura l’impact attendu sur la fuite des talents et l’avenir du secteur médical en Algérie.
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