Médecins algériens : la France veut imposer une nouvelle contrainte

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Vendredi 25 avril, lors d’un déplacement dans le Cantal, le gouvernement français a annoncé une nouvelle initiative pour lutter contre la pénurie de médecins dans certaines régions, notamment les « déserts médicaux ». François Bayrou, premier ministre français, a présenté un plan visant à imposer aux médecins, y compris les Algériens établis en France, d’effectuer des consultations dans ces zones sensibles jusqu’à deux jours par mois. Cette proposition, vue comme un compromis entre la fin de la liberté d’installation des médecins, dont de nombreux Algériens, et des mesures incitatives, a rapidement suscité un débat sur la manière de remédier à la répartition inégale des professionnels de santé en France.

Ce projet s’inscrit dans un contexte où la France fait face à un manque significatif de médecins, particulièrement dans ses zones rurales ou moins favorisées. En 2024, environ 6 millions de Français ne disposaient pas de médecin traitant, une situation qui a alerté les autorités sanitaires et les décideurs politiques. Selon les dernières données disponibles, un nombre important de Français se trouvent dans l’incapacité d’obtenir un suivi médical régulier en raison de l’absence de médecins dans certaines régions. Pour y remédier, le gouvernement a décidé de prendre des mesures concrètes pour obliger les soignants à s’impliquer davantage dans ces zones sous-dotées en professionnels de santé.

Le plan proposé par l’exécutif prévoit qu’un « principe de solidarité » permette aux médecins, y compris les Algériens basés en France, de réaliser des consultations dans les déserts médicaux pendant deux jours par mois. En contrepartie, ces professionnels de la santé bénéficieront d’avantages financiers. L’objectif de cette mesure est d’assurer une meilleure répartition des soins et de garantir un accès équitable à la santé pour tous les citoyens, quelle que soit leur localisation. Cependant, pour les médecins qui refuseraient de participer à ce dispositif, des sanctions sont envisagées, avec des amendes ou des pénalités pouvant affecter leur exercice professionnel.

Le gouvernement a également précisé que cette initiative n’était pas une contrainte à l’installation des médecins. François Bayrou a insisté sur le fait que l’État ne chercherait pas à imposer des obligations trop strictes concernant l’emplacement des installations des médecins, tout en réaffirmant la volonté d’assurer une couverture médicale uniforme sur l’ensemble du territoire national. Selon lui, la priorité était de trouver un équilibre entre la liberté d’installation des médecins et la nécessité de répondre aux besoins spécifiques des zones sous-denses.

Le plan gouvernemental inclut également une dimension liée à la formation des futurs médecins. Un des axes principaux de ce plan est de favoriser l’accès aux études de santé pour les jeunes, en particulier dans les zones rurales. Cela pourrait permettre à davantage d’étudiants en médecine de se former à proximité de leur territoire d’origine, avec l’espoir que ceux-ci choisiront ensuite d’y exercer. En novembre 2024, environ 50 % des médecins généralistes formés exerçaient à moins de 85 km de leur lieu de naissance, un facteur qui pourrait influencer positivement la répartition des professionnels de santé.

Afin de renforcer cette initiative, l’exécutif envisage de développer un programme de stages en « territoires sous-denses », permettant aux étudiants en médecine de se familiariser avec ces zones dès leur formation. En effet, chaque département, y compris les trois-quarts actuellement considérés comme sous-denses, devra proposer des stages aux étudiants dès leur première année d’études de santé. Cette mesure vise à encourager les jeunes médecins à envisager leur installation dans des zones où la demande en soins est plus élevée.

Le gouvernement prévoit également la mise en place d’une cartographie des « zones rouges », qui correspondra aux zones les plus prioritaires pour l’application de ce plan. Les agences régionales de santé (ARS) seront chargées de cette tâche, en collaboration avec les préfets et les élus locaux. Cette cartographie permettra d’identifier précisément les zones qui nécessitent des mesures d’urgence et de concentrer les efforts là où les besoins sont les plus urgents.

Parallèlement, l’exécutif envisage de confier de nouveaux actes médicaux à d’autres professionnels de santé, tels que les pharmaciens, pour désengorger les cabinets médicaux. Par exemple, un patient souffrant de rhinite allergique pourrait se rendre directement en pharmacie pour recevoir son traitement sur présentation d’une ordonnance périmée, dans un délai limité de trois mois. Cette mesure vise à alléger la charge des médecins tout en garantissant un accès rapide aux soins pour les patients.

La question des déserts médicaux et de la répartition des professionnels de santé en France reste un défi majeur pour les autorités sanitaires. Avec ces nouvelles mesures, le gouvernement tente de trouver des solutions durables pour améliorer l’accès aux soins, tout en préservant les principes de solidarité et de liberté d’installation des médecins. Reste à voir si ces mesures auront l’effet escompté, notamment en incitant davantage de professionnels de la santé à s’engager dans les zones les plus nécessitant des soins.