Micro-entrepreneurs algériens en France : une restriction annulée

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L’annonce tant attendue est enfin tombée, et elle apporte un grand soulagement à des milliers de micro-entrepreneurs, notamment des Algériens, installés en France et fortement représentés dans le secteur. La réforme prévoyant d’abaisser le seuil d’exemption de la TVA à 25.000 euros de chiffre d’affaires annuel est officiellement suspendue. Cette décision, révélée hier mercredi par le ministre de l’Économie Eric Lombard, intervient après plusieurs semaines d’inquiétude et de contestation dans les rangs des auto-entrepreneurs. Alors que la loi de finances 2025 devait initialement mettre en application cette mesure dès le 1er mars, elle ne verra finalement pas le jour avant un réexamen approfondi dans le cadre du projet de loi de finances pour 2026.

Le ministre s’est exprimé lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, où il a reconnu que la réforme suscitait des réactions mitigées, aussi bien favorables que défavorables. Cette absence de consensus a pesé dans la balance et poussé l’exécutif à faire preuve de prudence. « Nous constatons que la réforme proposée ne fait pas l’unanimité, ni pour, ni contre », a-t-il déclaré. Le gouvernement a donc opté pour une suspension immédiate, préférant ouvrir un débat élargi et serein. Une décision saluée par une grande partie des concernés, qui redoutaient de voir leur modèle économique gravement fragilisé par cette nouvelle contrainte fiscale.

L’essentiel du projet consistait à abaisser de manière drastique les seuils au-delà desquels un auto-entrepreneur devient assujetti à la taxe sur la valeur ajoutée en France. Actuellement, ce seuil est fixé à 85.000 euros pour les activités commerciales et à 37.500 euros pour les prestations de services. La réforme visait à les harmoniser à un niveau unique de 25.000 euros de chiffre d’affaires annuel, une mesure qui aurait mis sous pression de nombreuses petites structures. Cette disposition devait toucher plusieurs centaines de milliers de micro-entrepreneurs, en particulier ceux opérant dans des secteurs où les marges sont déjà faibles et la concurrence, rude. Nombre d’entre eux sont d’origine algérienne, actifs dans la restauration, le bâtiment, les services à domicile ou encore le transport, des secteurs très exposés aux aléas économiques.

Eric Lombard a tenu à préciser que le gouvernement ne renonce pas à toute évolution du régime fiscal des auto-entrepreneurs, mais souhaite prendre le temps de la concertation. « Nous proposerons une réforme plus équilibrée en tenant compte des situations de forte concurrence, notamment le bâtiment », a-t-il expliqué. Cette attention portée au secteur du BTP n’est pas anodine : il concentre une part importante des micro-entrepreneurs concernés et où la guerre des prix est particulièrement intense. L’application précipitée de la TVA risquait d’y déclencher une vague de cessations d’activité, au moment même où le secteur cherche à se stabiliser après des mois d’incertitudes.

Dans un souci d’apaisement et de dialogue, la ministre chargée des PME, Véronique Louwagie, réunira mardi prochain les représentants parlementaires de toutes les sensibilités politiques. Cette réunion s’inscrit dans la perspective de la préparation du futur projet de loi de finances pour 2026, où la question de la TVA pour les micro-entreprises reviendra sur la table. Le gouvernement semble désormais privilégier une approche progressive et adaptée, fondée sur une meilleure compréhension des réalités du terrain.

Pour les micro-entrepreneurs algériens exerçant en France, cette suspension est bien plus qu’un simple sursis : c’est l’assurance de pouvoir maintenir un équilibre fragile encore quelques mois, sans avoir à chambouler leur gestion comptable ni à répercuter la TVA sur des clients souvent sensibles aux prix. Ils font partie intégrante du tissu économique français, apportant leur dynamisme et leur savoir-faire dans des métiers essentiels au quotidien de millions de Français. La décision gouvernementale leur redonne de la visibilité, et surtout, le temps nécessaire pour s’organiser dans un cadre qui pourrait à terme être réformé avec davantage de souplesse et d’écoute.