Alors que l’Aïd al-Adha approche à grands pas, une alerte importante a été lancée à l’attention des Algériens concernant la manière de traiter les viandes issues des moutons importés, particulièrement ceux en provenance d’Espagne et de Roumanie. L’environnement dans lequel ces moutons importés ont été élevés diffère sensiblement de celui de l’Algérie, ce qui impose des méthodes de conservation et de traitement totalement adaptées. De nombreux Algériens, séduits par la robustesse ou le prix attractif de ces moutons importés, ignorent encore les précautions essentielles à adopter après l’abattage. Cette méconnaissance peut avoir de graves conséquences, notamment la détérioration rapide de la viande, compromettant ainsi la joie d’un événement religieux central dans la culture algérienne.
Face à cette problématique, des vétérinaires ont lancé une campagne de sensibilisation proactive. L’objectif est clair : informer les Algériens dès maintenant, près de trois semaines avant la fête, pour leur permettre d’adopter les bons gestes avec leurs moutons importés. Il s’agit d’une course contre la montre pour éviter que des erreurs de manipulation n’entraînent des pertes alimentaires et ne gâchent une fête aussi sacrée.
La spécialiste du secteur agricole et inspectrice vétérinaire, Dr Houda Samira Djaafri, figure en première ligne de cette initiative. Elle insiste, dans le cadre d’un entretien accordé à Echourouk, sur la nécessité de distinguer le traitement de la viande des moutons importés de celui des animaux locaux. Selon elle, les moutons importés, notamment espagnols et roumains, présentent des caractéristiques spécifiques qu’il faut impérativement comprendre. Ainsi, les Algériens doivent adapter leurs pratiques en tenant compte des origines de ces bêtes. Les moutons importés d’Espagne, par exemple, partagent plusieurs traits physiologiques avec les moutons algériens. Leur viande est naturellement aérée et sèche plus vite, ce qui permet aux Algériens, habitués aux viandes locales, de ne pas trop modifier leurs habitudes. Il suffit simplement de laisser la viande à l’air libre, dans un espace propre et bien ventilé, pour qu’elle développe sa texture optimale et conserve ses saveurs.
En revanche, les moutons importés de Roumanie nécessitent une vigilance accrue. Leur viande, riche en eau, se révèle plus fragile. Si elle n’est pas réfrigérée immédiatement après l’abattage, les risques de dégradation sont élevés. Dr Djaafri met en garde : la composition musculaire des moutons importés roumains rend leur viande particulièrement vulnérable à l’activité bactérienne. La forte humidité de leurs tissus empêche le séchage naturel, ce qui fait obstacle au processus d’aération bénéfique que connaissent les viandes locales et espagnoles. Pour les Algériens, cela signifie qu’il faut absolument placer ces viandes dans un réfrigérateur dès la fin de la découpe, sans délai. Toute hésitation pourrait provoquer une prolifération rapide des bactéries, une perte de texture et même des dangers sanitaires pour les consommateurs.
La vétérinaire précise aussi que les fibres musculaires des moutons roumains sont plus lâches et tendres, ce qui accentue encore leur fragilité. À température ambiante, ces fibres perdent rapidement leur structure, rendant la viande molle, voire gélatineuse. L’activité enzymatique post-abattage s’y déclenche plus rapidement, entraînant une dégradation accélérée des protéines. Cette situation est d’autant plus critique que certains Algériens pourraient croire que les mêmes méthodes de conservation s’appliquent à tous les moutons importés, ce qui est faux et potentiellement dangereux.
Ce message est donc un appel direct aux Algériens : prendre conscience des spécificités de chaque type de viande, adapter les méthodes de traitement des moutons importés et surtout, respecter scrupuleusement les consignes données par les vétérinaires. Il ne s’agit pas d’une simple recommandation, mais bien d’une nécessité sanitaire. Avec une demande croissante pour les moutons importés, il devient vital pour les Algériens de se doter d’un minimum de connaissances pratiques afin d’éviter tout gaspillage ou incident. La prévention reste le meilleur outil pour préserver à la fois la qualité des viandes, la santé des consommateurs et la symbolique sacrée de cette fête.
Les moutons importés espagnols peuvent être traités comme les moutons algériens, avec un séchage naturel à l’air libre, tandis que les moutons importés roumains doivent être immédiatement réfrigérés. Ce simple geste pourrait faire toute la différence pour les Algériens qui souhaitent profiter pleinement de leur sacrifice, sans mauvaise surprise.