Le monde du cinéma français vient de découvrir un visage encore inconnu il y a quelques semaines : Nadia Melliti. À seulement 23 ans, cette jeune Franco-Algérienne a été propulsée sous les projecteurs du prestigieux Festival de Cannes 2025, en remportant le prix d’interprétation féminine pour son tout premier rôle au cinéma, dans La Petite dernière de la réalisatrice Hafsia Herzi. Une révélation inattendue qui intrigue autant qu’elle fascine.
Nadia Melliti, étudiante en filière sportive, ne s’était jamais imaginée actrice. Pourtant, c’est dans la rue, au détour d’un casting sauvage, qu’elle a été repérée. « Au départ, c’était assez drôle parce que je pensais que c’était une touriste. Du coup, je me suis demandé si mon anglais était à jour. Et finalement, elle m’a fait part des enjeux de ce qu’elle recherchait en termes de personnage et d’histoire. Très vite, j’ai accroché et j’ai voulu m’embarquer dans ce film », raconte Nadia Melliti avec une spontanéité désarmante.
La réalisatrice Hafsia Herzi, elle aussi d’origine maghrébine, a immédiatement senti que cette jeune femme possédait quelque chose de rare. « Très vite, j’ai reçu la photo de Nadia, j’ai eu un coup de cœur… très vite, à son regard, c’était une évidence », confie-t-elle. Dans le film, adapté du roman de Fatima Daas publié en 2020, Nadia Melliti incarne Fatima, une adolescente musulmane issue d’un milieu modeste, qui découvre peu à peu son homosexualité, tout en entamant sa vie étudiante à Paris. Un rôle intense, porté par la sobriété et la justesse d’un jeu brut, instinctif, qui a littéralement séduit le jury de Cannes.
Nadia Melliti ne vient ni du théâtre ni du cinéma. Elle vient du sport. Passionnée de football, elle a occupé presque tous les postes sur le terrain, sauf celui de gardienne. Elle a même évolué en deuxième division, preuve de sa détermination et de son amour pour cette discipline souvent perçue comme masculine. « Quand j’étais jeune, j’ai voulu faire du foot (…), un sport dit masculin et surreprésenté chez les hommes », confie-t-elle. Ce goût pour la transgression douce, cette manière de repousser les frontières imposées, elle la partage avec son personnage. Fatima, tout comme Nadia Melliti, préfère courir ou taper dans un ballon plutôt que de reproduire les codes traditionnels attendus de son entourage.
Les résonances entre le parcours du personnage et celui de Nadia Melliti sont frappantes. « J’ai tout de suite accroché avec l’histoire parce qu’elle m’a profondément touchée. Cette quête d’émancipation aussi. Je m’identifiais beaucoup à elle en raison de son entourage et de son origine sociale », explique-t-elle. Elle évoque aussi le lien avec sa propre vie : « Ma mère est issue de l’immigration, je suis d’origine algérienne. J’ai également des sœurs. Et puis même à travers les études, puisque je suis passée du lycée à la faculté, donc cette émancipation intellectuelle, je l’ai vécue aussi ».
Son style androgyne, sa sensibilité à fleur de peau et sa capacité à incarner un personnage complexe ont fait d’elle la révélation inattendue du cinéma français. Nadia Melliti n’a pas encore décidé de devenir actrice à temps plein, mais elle ne ferme aucune porte. « J’aimerais bien », glisse-t-elle à propos de sa volonté de poursuivre dans le cinéma. Elle se dit curieuse, avide d’apprendre et touchée par la manière dont ce premier rôle a transformé sa vie. « J’aime bien le fait de prendre des distances vis-à-vis d’un personnage qu’on incarne et, en même temps, de le représenter le plus fidèlement possible », conclut-elle avec humilité.