Une circulaire récemment dévoilée par Le Figaro provoque une onde de choc chez de nombreux candidats à la naturalisation en France, en particulier parmi les Algériens. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a en effet transmis de nouvelles instructions aux préfets, leur demandant de durcir significativement les conditions d’accès à la nationalité française. Cette nouvelle orientation, qui s’inscrit dans une logique de fermeté déjà amorcée sur les régularisations, intervient dans un contexte de saturation des services préfectoraux, engorgés par un afflux record de demandes de naturalisation en France. Les Algériens, nombreux à résider dans l’Hexagone, découvrent ainsi une très mauvaise surprise.
Selon cette circulaire, il ne s’agit plus seulement de remplir des critères administratifs, mais de démontrer une véritable insertion dans la société. L’exigence de naturalisation en France se complexifie donc, imposant désormais une analyse approfondie de l’« insertion professionnelle » du demandeur. Cette insertion sera évaluée sur une durée de cinq ans, ce qui représente une rupture notable avec les pratiques précédentes. Le candidat devra justifier de ressources jugées « suffisantes et stables », et ce, « hors prestations sociales ». Une clause qui élimine d’office de nombreux dossiers, notamment ceux d’Algériens en France dont les parcours professionnels sont encore en cours de stabilisation.
Le texte met aussi l’accent sur la provenance des revenus. Les étrangers, y compris les Algériens, dont les sources de revenus proviennent principalement de l’étranger, sont considérés comme n’ayant pas totalement transféré en France le centre de leurs intérêts. En conséquence, leurs dossiers de naturalisation sont susceptibles d’être rejetés, cette situation étant jugée incompatible avec l’adhésion pleine et entière aux obligations liées à la citoyenneté française. Une mesure qui va impacter de façon significative une partie des Algériens de France ayant encore des liens économiques avec leur pays d’origine.
Le ministre Bruno Retailleau a été clair : « Pour pouvoir être accueilli dans la communauté française, le demandeur doit démontrer son assimilation à la communauté française, adhérer pleinement aux principes et valeurs de la République, faire preuve d’un comportement respectueux des lois, notamment celles régissant les conditions de séjour des étrangers en France, et justifier d’une autonomie financière pérenne. » Cette déclaration illustre la nouvelle philosophie du gouvernement français en matière de naturalisation, une naturalisation que les Algériens en France, comme d’autres ressortissants, considèrent souvent comme l’aboutissement d’un long processus d’intégration.
Il apparaît que cette naturalisation en France devient de plus en plus exigeante, une réalité qui surprend désagréablement de nombreux Algériens établis dans l’Hexagone. Le contenu de la circulaire, jugé particulièrement directif, insiste sur la rigueur à appliquer lors de l’examen des dossiers. Ce durcissement des critères vise, selon le ministère, à renforcer l’intégrité de la procédure de naturalisation, mais il pourrait aussi entraîner une baisse importante du nombre d’étrangers, notamment Algériens, accédant à la citoyenneté française.
Pour les Algériens, cette nouvelle exigence s’ajoute à une série d’obstacles déjà connus dans le parcours de naturalisation en France. L’appréciation sur cinq ans de l’insertion professionnelle pose problème pour ceux qui ont connu des interruptions de carrière, des changements de statuts, ou dont les revenus dépendent en partie d’activités menées dans leur pays d’origine. En ce sens, la naturalisation en France devient un parcours de plus en plus sélectif, et les Algériens, très représentés dans les demandes, se retrouvent en première ligne face à cette évolution.
Cette circulaire, bien que ne modifiant pas le droit fondamental de naturalisation, redéfinit les contours de son application. Elle reflète la volonté affirmée du ministre de renforcer le contrôle sur l’accès à la nationalité, dans un cadre légal inchangé. Pour les Algériens résidant en France, cette naturalisation tant espérée devient désormais un objectif plus complexe, et la mauvaise surprise se transforme pour beaucoup en désillusion. À l’heure où la naturalisation en France est perçue comme un symbole d’intégration aboutie, ce durcissement affecte profondément les espoirs de milliers de ressortissants, en particulier les Algériens, désormais confrontés à des exigences inédites.