Naturalisation en France : Lyna Khoudri affirme avoir été « humiliée » par la Préfecture

Lyna Khoudri

Lyna Khoudri, actrice incontournable du cinéma français et désormais compagne officielle de Karim Benzema, a secoué les colonnes du magazine Version Femina avec un témoignage aussi intime que percutant. Lors du Festival de Cannes 2025, où elle a présenté deux longs-métrages marquants, Lyna Khoudri n’a pas seulement brillé sur les tapis rouges. En pleine lumière médiatique, elle a saisi l’occasion de s’exprimer sur une expérience personnelle douloureuse liée à sa double nationalité franco-algérienne, révélant avoir été « humiliée » par les services de la Préfecture lors de sa demande de naturalisation. Cette déclaration de Lyna Khoudri, déjà mise en avant pour son talent et sa personnalité engagée, ajoute une dimension politique à son image d’artiste.

Lyna Khoudri, née à Alger le 3 octobre 1992, a grandi en France et s’est fait connaître du grand public après avoir décroché le César du Meilleur Espoir Féminin en 2020 pour son rôle dans Papicha. Réclamée par les plus grands réalisateurs, Lyna Khoudri est devenue une voix qui compte, à la fois dans le 7e art et dans les débats de société. En mai 2025, sa présence au Festival de Cannes n’est pas passée inaperçue, notamment parce qu’elle a officialisé sa relation avec Karim Benzema lors de la projection du film 13 jours, 13 nuits. Mais au-delà de la romance, Lyna Khoudri a profité de cette exposition pour mettre en lumière une autre facette de son parcours, beaucoup moins glamour : son combat pour faire reconnaître son appartenance à la République française.

« Justifier que j’avais grandi en France » : c’est par ces mots que Lyna Khoudri résume le calvaire administratif qu’elle a vécu à l’âge de 18 ans. Alors qu’elle venait de décrocher son baccalauréat et s’apprêtait à entamer des études à la Sorbonne, la jeune femme s’est retrouvée confrontée à une exigence bureaucratique qu’elle qualifie d’humiliante. Pour obtenir la nationalité française, Lyna Khoudri a dû rassembler des années de certificats de scolarité, depuis la maternelle jusqu’au lycée, et se rendre à la préfecture de police à 4 heures du matin. « Je me sentais humiliée, comme si on me prenait pour une menteuse », a-t-elle déclaré. Lyna Khoudri, bien que présente sur le territoire depuis l’enfance, a ainsi dû prouver son enracinement en France, une démarche qu’elle n’avait pas anticipée et qui l’a profondément marquée.

Ce moment difficile a été un déclencheur dans la vie de Lyna Khoudri. « Cela a marqué le début de ma révolte », explique-t-elle dans cette interview exclusive. Jusqu’à cette demande de justification, Lyna Khoudri vivait sa double appartenance franco-algérienne de façon fluide, sans tension apparente. Elle passait ses étés en Algérie, possédait un passeport algérien et une carte de résidence française. Mais l’expérience de la préfecture a révélé une frontière invisible entre l’apparente intégration et la réalité administrative. C’est à partir de cet épisode que Lyna Khoudri s’est tournée vers les écrits de penseurs majeurs comme Frantz Fanon ou Aimé Césaire, figures emblématiques de la décolonisation et de la critique postcoloniale. Elle s’est aussi plongée dans les récits de la guerre d’Algérie pour mieux comprendre ses racines et son identité.

Cette quête identitaire, intellectuelle et émotionnelle, Lyna Khoudri la poursuit encore aujourd’hui, et elle nourrit ses rôles à l’écran. Dans le thriller 13 jours, 13 nuits de Martin Bourboulon, elle incarne un personnage qui, comme elle, vit entre deux mondes, entre deux pays, entre deux cultures. Le film, présenté hors compétition à Cannes, revient sur les efforts de l’ambassade de France pour évacuer les civils afghans face à la menace talibane en août 2021. « Je me suis reconnue en elle dans son côté biculturel », confie Lyna Khoudri, évoquant également son propre lien avec des institutions françaises à l’étranger, comme l’Institut français d’Alger. « Un drapeau, qu’est-ce que cela signifie vraiment ? », interroge-t-elle. Une question fondamentale pour tous ceux qui vivent entre deux nations et qui doivent, à un moment ou un autre, justifier leur place.

En revenant sur cette période de sa vie, Lyna Khoudri ne cherche ni à se victimiser ni à faire polémique. Elle raconte un fait vécu, un passage marquant, qui a influencé sa trajectoire personnelle et artistique. Aujourd’hui âgée de 32 ans, Lyna Khoudri affirme que « la rage adolescente est évidemment retombée », mais elle admet aussi que « la colère s’est déplacée ». Elle parle d’un travail de compréhension de soi et d’acceptation qui lui a permis d’aborder son identité de manière apaisée. Ce cheminement, elle ne l’a pas vécu seule : des millions de jeunes issus de l’immigration peuvent s’identifier à ce qu’elle décrit. En donnant une voix publique à cette réalité, Lyna Khoudri contribue à rendre visible une expérience partagée, souvent passée sous silence.

La relation de Lyna Khoudri avec Karim Benzema, officialisée au grand jour lors de ce Festival de Cannes 2025, a contribué à attirer l’attention sur ses déclarations. Mais son témoignage dépasse le simple cadre de la vie privée. Il s’agit d’un rappel puissant sur les enjeux de la naturalisation en France, sur la manière dont les institutions perçoivent encore certains citoyens, et sur la nécessité de ne pas oublier les parcours individuels derrière les statistiques migratoires. Pour Lyna Khoudri, les papiers d’identité ne suffisent pas toujours à faire reconnaître son appartenance à une nation. Il faut parfois se battre pour légitimer ce que l’on est déjà, au quotidien, depuis toujours.

En racontant cette histoire, Lyna Khoudri livre un récit fort, sincère et engagé. Elle le fait en tant qu’artiste, en tant que femme, et en tant que citoyenne. Lyna Khoudri, au-delà de son talent, de sa notoriété et de sa vie amoureuse avec Karim Benzema, impose ainsi une voix singulière dans l’espace médiatique. La question de la naturalisation, vécue comme une épreuve, a façonné sa conscience et sa carrière. Et aujourd’hui encore, en 2025, elle continue d’interroger ce que signifie vraiment être Français quand il faut, malgré tout, le prouver.