La flotte maritime de transport logistique de l’Algérie, affaiblie depuis de nombreuses années, amorce aujourd’hui un tournant décisif vers sa reconstitution. Le ministère des Transports, sous la houlette de Said Sayoud, a entrepris une vaste opération de récupération des navires de l’Algérie immobilisés dans des ports étrangers. Ces navires de l’Algérie, souvent bloqués pour des raisons administratives ou de maintenance, sont désormais au cœur d’un plan de redéploiement stratégique visant à renforcer la souveraineté maritime du pays et soutenir ses ambitions économiques.
Lors d’une rencontre entre le ministère du Commerce extérieur et les exportateurs, le ministre Said Sayoud a révélé que deux navires de l’Algérie bloqués à l’étranger seront rapatriés dans les jours à venir. L’un se trouve au port d’Anvers, en Belgique, et l’autre à Istanbul. Ces deux navires de l’Algérie, une fois réintégrés dans la flotte, seront immédiatement remis en service pour soutenir l’élan logistique national. En parallèle, cinq autres navires confrontés à des situations similaires sont en cours de traitement, et des démarches ont été engagées pour leur retour rapide.
Une autre problématique ayant pesé sur la flotte maritime concerne la gestion défaillante de certains partenariats. Said Sayoud a cité le cas de trois navires de l’Algérie, exploités dans le cadre d’un partenariat avec un armateur étranger, mais qui avaient été détournés de leur usage initial. Grâce à des négociations intenses menées par le ministère, un accord a été trouvé permettant à cet armateur de continuer à utiliser ces navires tout en assurant des bénéfices à l’Algérie en tant que propriétaire. Ce compromis représente une avancée notable dans le processus de redynamisation du transport maritime national.
Cette récupération progressive des navires de l’Algérie intervient dans un contexte de réorientation de l’économie nationale vers l’exportation. Alors que les opérateurs économiques locaux enregistrent des avancées significatives en matière de production, la disponibilité des navires de l’Algérie pour le transport de marchandises devient un levier essentiel pour accéder aux marchés internationaux. C’est dans cette optique que le ministre a annoncé l’ouverture prochaine d’une ligne maritime reliant l’Algérie aux pays de l’Est de la Méditerranée, avec des escales prévues au Qatar, à Oman et en Arabie saoudite. Cette ligne viendra compléter celle récemment inaugurée vers l’Afrique de l’Ouest, desservant notamment la Mauritanie et le Sénégal.
Le projet d’élargissement des liaisons maritimes inclut également l’étude d’itinéraires vers le sud de l’Europe. Toutefois, Said Sayoud a soulevé un défi majeur : la compétitivité de la CNAN (Compagnie nationale algérienne de navigation) face aux armateurs européens. Ce constat est renforcé par le témoignage d’un opérateur algérien affirmant qu’il lui est plus économique de passer par un transporteur européen pour desservir l’Afrique de l’Ouest via l’Espagne. Une réalité que le ministère entend corriger à travers une modernisation accrue de la flotte et l’optimisation des services.
L’effort gouvernemental s’accompagne aussi d’une amélioration du fonctionnement des infrastructures portuaires. En application des directives du président Abdelmadjid Tebboune, les ports du pays fonctionnent désormais en continu, 24 heures sur 24. Cette décision vise à fluidifier le commerce extérieur et à réduire les délais de traitement. Le ministre Sayoud s’est félicité des premiers résultats obtenus, tout en reconnaissant que des ajustements restent à effectuer pour répondre pleinement aux attentes des opérateurs économiques.
En complément de ces initiatives, le ministre a également abordé la question du transport aérien logistique. Air Algérie dispose actuellement d’un seul avion cargo, qui n’est que faiblement sollicité. Toutefois, Said Sayoud a affirmé que si la demande venait à croître, l’Algérie pourrait envisager l’acquisition d’un second appareil. Il a aussi exprimé sa disponibilité à ouvrir une base cargo à l’aéroport de Tlemcen Messali Hadj, voire à en généraliser le concept dans d’autres régions du pays, sous réserve de viabilité économique.