Lors d’un récent séjour au Maroc, une ressortissante algérienne s’est retrouvée au centre d’une polémique inattendue après avoir partagé sur les réseaux sociaux quelques vidéos anodines de son voyage. Loin de s’attendre à une telle réaction, la jeune femme a exprimé sa stupéfaction face à la vague de commentaires haineux qui ont rapidement envahi ses publications. Dans un climat où les relations entre internautes algériens et marocains sont parfois tendues, cette expérience soulève une fois de plus les limites de l’expression personnelle sur les plateformes sociales lorsqu’elle touche à des sensibilités nationales.
Tout commence par une série de vidéos banales, filmées dans les ruelles de Marrakech, où la touriste capture son émerveillement devant l’artisanat local et la vie quotidienne. Les images, qui montrent des scènes de marché, des étals colorés et des souvenirs typiques comme des magnets de décoration, ont rapidement attiré l’attention. Mais au lieu des retours habituels d’encouragement ou de simples questions sur le voyage, les commentaires prennent une tournure inattendue. Très vite, des internautes, visiblement choqués ou agacés, l’accusent de ne pas assez contextualiser ses achats. « Certains me disent de préciser que les produits achetés au marché à Marrakech sont marocains et pas algériens », raconte-t-elle. Pourtant, la jeune femme avait pris soin d’expliquer dans ses vidéos qu’elle s’était contentée d’acheter de petits objets souvenirs, des magnets destinés à décorer son réfrigérateur.
Mais ce détail n’a pas suffi à apaiser les critiques. D’autres internautes lui reprochent un manque de loyauté envers son pays d’origine. « On me dit d’avouer que le Maroc est plus beau que l’Algérie », confie-t-elle, visiblement désabusée par l’ampleur de la polémique. Une simple escapade touristique devient alors un terrain glissant, où les perceptions d’identité nationale et de patriotisme sont projetées dans les moindres gestes et les moindres mots. Sur fond de rivalité historique et politique entre les deux pays, certains utilisateurs des réseaux sociaux semblent percevoir toute valorisation d’un pays voisin comme une trahison.
Malgré la virulence des attaques virtuelles, la voyageuse garde un souvenir très positif de son passage au Maroc. Elle insiste sur l’accueil chaleureux qu’elle a reçu tout au long de son séjour. « Je n’ai ressenti aucune différence une fois sur place. On m’a bien traitée, après avoir su que j’étais Algérienne », affirme-t-elle avec soulagement. Ce contraste entre la bienveillance rencontrée dans la réalité et l’agressivité des échanges en ligne souligne une fois de plus la déconnexion qui peut exister entre le vécu personnel et les débats numériques, souvent amplifiés par l’anonymat et l’effet de groupe.
Son témoignage fait écho à une tendance croissante sur les réseaux sociaux où les publications les plus simples peuvent être instrumentalisées pour alimenter des discours identitaires ou nationalistes. Des objets aussi inoffensifs que des souvenirs de voyage deviennent ainsi le point de départ de discussions polarisées, où les nuances disparaissent au profit d’accusations virulentes. Dans ce contexte, il devient de plus en plus difficile pour certains utilisateurs de partager leurs expériences personnelles sans se heurter à une vague de suspicion ou d’interprétations malveillantes.
La jeune algérienne, dit ne pas comprendre cet acharnement, d’autant plus qu’elle n’a fait que relater un séjour qu’elle a vécu de manière paisible et agréable au Maroc. « C’est n’importe quoi les commentaires haineux que j’ai eu sur les réseaux sociaux », résume-t-elle. Pour elle, l’intention n’était ni politique ni provocatrice, mais simplement de partager un moment de voyage avec sa communauté en ligne, comme le font des milliers d’utilisateurs chaque jour.
Cette mésaventure de l’Algérienne, suite à son voyage au Maroc, soulève une question plus large : peut-on encore voyager librement dans un pays voisin, et en témoigner publiquement, sans se retrouver au cœur de tensions inutiles ? Si les plateformes numériques permettent aujourd’hui de briser les frontières et de créer des ponts culturels, elles sont aussi le théâtre d’affrontements virtuels, où chaque détail peut devenir une arme symbolique. La réaction à ce voyage révèle autant une crispation sur les appartenances nationales qu’un besoin urgent de réapprendre à écouter l’autre sans y projeter ses propres frustrations.