La polémique autour des bûches de Noël en Algérie a récemment enflammé les réseaux sociaux et suscité un débat inattendu au sein des médias internationaux. Tout a commencé avec une tribune publiée dans Le Figaro le 16 décembre, signée par la sénatrice LR Valérie Boyer et Charlotte Touati, professeure à l’université de Lausanne spécialisée dans les religions en Afrique du Nord. Dans ce texte, les deux auteures évoquent des prétendues persécutions subies par les chrétiens de Kabylie et mentionnent, parmi elles, une « traque des bûches de Noël » organisée par les autorités algériennes. Selon leurs propos, lorsque la loi n’est pas jugée assez dissuasive, l’administration prendrait le relais avec des contrôles dans les pâtisseries afin de traquer ces desserts festifs. Cette affirmation, pour le moins surprenante, a rapidement trouvé écho dans certains médias français, notamment sur le plateau de CNews, où la journaliste Gabrielle Cluzel a déclaré : « Il y a quand même des contrôles de pâtisserie pour traquer les bûches de Noël. Vous voyez, ça ne s’invente pas quand même. »
Face à ces accusations, la télévision publique algérienne a décidé de réagir avec ironie et pragmatisme. Dans l’émission Hebdo Show diffusée sur AL24 News, la chroniqueuse Narimene Zekagh s’est rendue dans une pâtisserie pour vérifier la véracité de cette rumeur. Armée de son micro et d’une caméra, elle a interrogé la vendeuse sur la disponibilité des bûches, qui a répondu sans hésitation qu’elle proposait des bûches au chocolat et au praliné. En choisissant la version chocolat, Narimene Zekagh a alors tourné son regard vers la caméra et a conclu avec un sourire : « Finalement, Gabriel, ce genre de propos, ça s’invente », tout en brandissant la bûche sur laquelle était inscrit « Joyeux Noël CNews ».
La journaliste a ensuite souligné que ce dessert n’avait jamais été un sujet de discorde dans le pays et que cette polémique était largement fabriquée. « Qu’on soit musulman, chrétien ou juste gourmand, la pâtisserie n’a jamais été un sujet de discorde, bien au contraire », a-t-elle précisé, qualifiant les accusations de « ridicules » et affirmant que leur objectif semblait être d’altérer l’image de l’Algérie. Pour elle, la bûche de Noël en Algérie n’est ni un symbole politique, ni un marqueur religieux, mais simplement un dessert que l’on consomme lors des fêtes. Elle a conclu son intervention avec humour en ajoutant : « Alors non, il n’y a pas de contrôle de bûche, il n’y a pas d’interdiction, il y a simplement une société qui vit, qui cohabite et qui refuse qu’on lui prête des peurs qu’elle n’a pas. Sur ce, bonnes Fêtes CNews. »
Cette réponse, relayée par la télévision algérienne et largement partagée sur les réseaux sociaux, s’inscrit dans un contexte de relations tendues entre l’Algérie et la France. Ces derniers mois, les tensions se sont accentuées, et la polémique autour des bûches de Noël ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. La situation diplomatique est déjà fragilisée par l’adoption récente par le Parlement algérien d’une loi criminalisant la colonisation française de 1830 à 1962, appelant Paris à présenter des excuses officielles. Ce geste symbolique pourrait encore exacerber les incompréhensions et les frictions entre les deux pays, au moment même où la diplomatie culturelle et médiatique joue un rôle majeur dans l’opinion publique des deux côtés de la Méditerranée.