Le ministre des Finances récemment nommé, Abdelkrim Bouzred, est sous pression depuis sa prise de fonction, devant gérer une série de réformes économiques cruciales pour l’Algérie. Au cœur de ces réformes figure un dossier qui touche directement la population : l’allocation touristique. Bien que son montant ait été fixé à 750 euros par an et par personne, un retard notable dans la publication des textes d’application continue de freiner l’accès des Algériens à cette allocation. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait annoncé son augmentation en décembre dernier, mais la mesure tarde encore à être mise en œuvre, provoquant une frustration croissante parmi les citoyens, qui se tournent vers le marché parallèle pour satisfaire leurs besoins en devises.
Le ministre Bouzred, dans un contexte de forte attente populaire, se trouve dans une situation délicate, car la non-mise en place de cette allocation touristique représente non seulement un manquement à une promesse gouvernementale, mais aussi un déséquilibre économique accru. En l’absence de réformes adéquates et de mécanismes clairs, les citoyens se retrouvent pris dans des pratiques informelles qui alimentent le marché noir des devises, ce qui fragilise davantage le système économique. Il devient ainsi primordial pour le ministre de publier les textes réglementaires nécessaires et de simplifier les procédures administratives, afin de réduire la dépendance au marché parallèle et garantir une distribution efficace de cette allocation aux voyageurs algériens.
Dans le même temps, le dossier de la numérisation du secteur des finances représente un autre défi majeur pour le ministre des Finances. Bien que des efforts aient été déployés sous le précédent mandat, la transition numérique de l’administration algérienne reste encore inachevée. L’un des projets phares est la mise en place du livret foncier électronique, prévu pour remplacer le format papier. Cette initiative, inscrite dans la loi de finances 2025, vise à simplifier la gestion des propriétés foncières, à réduire les délais de traitement et à éradiquer les longues files d’attente que connaissent les citoyens dans les administrations.
Le ministère des Finances prévoit également de renforcer la numérisation des services fiscaux et douaniers, afin d’améliorer la collecte des recettes publiques, de lutter contre la fraude et d’assurer une plus grande transparence dans les transactions financières. Cette démarche s’inscrit dans une vision plus large de modernisation de l’administration publique, indispensable pour attirer des investisseurs étrangers et garantir une gestion efficace des ressources publiques. Le ministre devra rapidement activer cette transition numérique pour répondre aux attentes des citoyens et des investisseurs, et ainsi renforcer la compétitivité du pays.
Parallèlement à ces priorités économiques internes, Abdelkrim Bouzred doit également répondre à une question de taille : l’ouverture des capitaux des banques publiques. Cette réforme, visant à injecter une nouvelle dynamique dans le système bancaire algérien, se trouve à un tournant. L’ouverture du capital de deux banques publiques, le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) et la Banque de Développement Local (BDL), a déjà été amorcée, mais le processus reste délicat. Le ministre des Finances devra trouver un juste équilibre entre libéralisation et protection des intérêts nationaux. L’objectif est de renforcer la compétitivité du secteur bancaire, de favoriser l’accès au crédit pour les entreprises et les particuliers, tout en garantissant une gouvernance transparente au sein des institutions financières. Cette réforme pourrait offrir de nouvelles opportunités aux acteurs privés et stimuler l’économie du pays, mais elle doit être conduite avec prudence pour éviter toute instabilité financière.
Un autre axe important du portefeuille de Bouzred est la coopération avec le Groupe d’action financière (GAFI), une organisation internationale qui lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. L’Algérie est en train de renforcer son cadre législatif et opérationnel pour se conformer aux recommandations du GAFI, et le ministre des Finances doit piloter la mise en œuvre de ces mesures. À ce jour, il reste encore 13 mesures à adopter pour que le pays puisse être pleinement conforme aux standards internationaux en matière de transparence financière. La réussite de cette coopération est essentielle pour restaurer la confiance des investisseurs internationaux et sécuriser les flux financiers entrant en Algérie. Le ministre devra travailler en étroite collaboration avec les autorités de régulation et les institutions de contrôle pour améliorer la transparence des transactions et renforcer la capacité des autorités à lutter contre la fraude et le financement du terrorisme.
Face à cette multitude de défis, la pression sur le ministre des Finances est intense. Les attentes des citoyens sont élevées, et l’urgence de ces réformes ne cesse de croître. La publication des textes d’application de l’allocation touristique est un premier pas nécessaire pour répondre aux besoins des voyageurs et rétablir la stabilité économique, mais il reste encore bien des obstacles à franchir pour que l’Algérie puisse atteindre ses objectifs de modernisation économique. L’achèvement de la numérisation des services financiers, l’ouverture du capital des banques publiques et le renforcement de la coopération avec le GAFI figurent parmi les réformes nécessaires pour assurer une croissance économique stable et durable. Dans ce contexte de transformation, la capacité de Abdelkrim Bouzred à gérer ces dossiers avec rigueur et efficacité sera déterminante pour l’avenir économique du pays.
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