L’arrestation d’un agent consulaire algérien sur la voie publique à Paris par la police française, sur ordre de Retailleau, a provoqué une onde de choc dans les cercles diplomatiques et politiques des deux rives de la Méditerranée. Ce geste, qualifié de « cabale judiciaire inadmissible » par le ministère algérien des Affaires étrangères, survient à un moment particulièrement délicat, quelques jours seulement après la visite du ministre français des Affaires étrangères à Alger, qui visait à relancer le dialogue entre les deux présidents, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. L’arrestation, jugée « suspecte dans son timing » par plusieurs observateurs, est intervenue dans le cadre d’une enquête liée à un prétendu enlèvement de l’influenceur algérien controversé Amir Boukhors, connu sur les réseaux sous le pseudonyme d’AmirDZ.
Dans un communiqué officiel, le ministère algérien des Affaires étrangères a exprimé sa ferme protestation auprès de l’ambassadeur de France, Stéphane Romatet. Le secrétaire général du ministère, Lounes Magramane, l’a convoqué pour dénoncer des violations claires du droit international et des conventions diplomatiques. Selon ce communiqué, l’agent consulaire a été arrêté en pleine rue, sans notification préalable via les canaux diplomatiques, puis placé en garde à vue, en totale contradiction avec les privilèges et immunités dont il bénéficie. L’Algérie considère ces agissements comme une atteinte directe à sa souveraineté et à ses représentants officiels sur sol étranger.
Le fond de l’accusation repose, selon le communiqué algérien, sur un élément jugé « fragile » : le téléphone du diplomate aurait borné à proximité du domicile d’Amir Boukhors. Une telle donnée, aisément contestable juridiquement, constitue l’axe principal d’une procédure judiciaire que les autorités algériennes qualifient d’« inconsistante », voire « farfelue ». Le média l’Expression, dans un article titré Un saboteur nommé Retailleau, évoque même une opération politique préméditée orchestrée par le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Ce dernier est accusé par l’Expression de vouloir nourrir le conflit pour servir ses propres ambitions personnelles, notamment sa candidature au congrès de son parti, Les Républicains, prévu pour le 18 mai prochain. Le média algérien n’hésite pas à qualifier Retailleau de « putschiste dans l’âme », affirmant qu’il utilise les institutions républicaines françaises pour mener une opération de sabotage politique et diplomatique, et ce, au mépris des lois de son propre pays.
La diplomatie française, quant à elle, tente de garder ses distances. Interrogé par l’AFP, le ministre français Jean-Noël Barrot s’est contenté d’une réponse évasive : « Nous ne commentons pas une enquête en cours ». Une formule qui en dit long sur le malaise provoqué en interne. Le Quai d’Orsay, visiblement gêné par la tournure des événements, a renvoyé la balle vers l’autorité judiciaire, insistant sur son indépendance. Une manière de se dédouaner, tout en laissant la justice gérer le dossier explosif.
Du côté algérien, l’exaspération est palpable. Le communiqué du ministère insiste sur le caractère non fortuit de cet incident, soulignant qu’il survient précisément au moment où les deux chefs d’État s’efforcent de relancer un dialogue mis à mal par des décennies de tension, d’incompréhensions et d’affaires sensibles non résolues. « Ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises », peut-on lire. L’Algérie évoque aussi un choix cynique des autorités françaises, qui semblent accorder un crédit excessif à un individu au passé controversé, au détriment des règles élémentaires de la diplomatie. Amir Boukhors, présenté dans le communiqué comme un « voyou », « énergumène » ou encore « activiste subversif lié à des organisations terroristes », aurait été choisi sciemment pour servir de prétexte à une action préméditée de déstabilisation.
Ce coup de théâtre judiciaire constitue une première dans les relations entre Paris et Alger. Jamais, jusqu’à présent, un agent consulaire algérien n’avait été arrêté aussi brutalement, ni soumis à une détention provisoire dans de telles conditions. L’Algérie exige sa libération immédiate et la garantie que ses droits diplomatiques seront respectés conformément aux accords internationaux. Elle promet également de tirer toutes les conséquences de cette affaire, et n’exclut pas des répercussions sur les relations bilatérales.
L’affaire Retailleau pourrait donc marquer un tournant. En s’attaquant à un diplomate étranger protégé par la Convention de Vienne, la France donne l’image d’un État divisé, où les rivalités internes influencent désormais les grandes orientations de sa politique étrangère. Pour l’Algérie, cette situation n’est pas seulement inacceptable, elle est dangereuse. Car elle démontre que certains responsables français ne sont pas animés par la même volonté de rapprochement sincère. Au contraire, ils semblent prêts à saboter toute avancée, quitte à en payer le prix diplomatique.
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