En Algérie, l’or continue de susciter autant de promesses que de frustrations. Le constat est sans appel : malgré un sous-sol riche, l’or en Algérie n’a pas été exploité convenablement, selon les normes internationales. C’est dans ce contexte que le PDG du groupe minier Sonarem, Belkacem Soltani, a dévoilé une nouvelle stratégie ambitieuse, appelant officiellement à des partenariats étrangers pour redonner à l’Algérie la place qu’elle mérite dans le secteur aurifère. L’annonce, faite à l’occasion de la Journée nationale des Mines, intervient à un moment où le pays redouble d’efforts pour transformer ses ressources naturelles, dont l’or, en véritables leviers de développement.
« Nous avons travaillé à ciel ouvert dans le gisement d’Amesmessa et nous n’avons pas su l’exploiter convenablement selon les normes édictées dans ce domaine. Raison pour laquelle, nous avons établi des cahiers des charges pour sélectionner un partenaire étranger qui va nous accompagner dans l’exploitation », affirmé le premier responsable de Sonarem.
En 2024, l’Algérie a pu collecter plus de 400 kilos d’or, mais sur un volume global de 60 000 tonnes de matières extraites. Un chiffre qui, loin d’être insignifiant, reste pourtant bien en deçà du potentiel réel du pays. L’or, lorsqu’il est exploité de manière artisanale comme c’est souvent le cas en Algérie, ne permet pas de générer la valeur ajoutée escomptée. C’est pourquoi Belkacem Soltani insiste : l’Algérie a besoin d’un partenaire étranger pour structurer, industrialiser et rentabiliser l’exploitation de l’or. À ce jour, plus de 350 micro-entreprises ont contribué à cette production, preuve d’un dynamisme local, mais aussi d’un encadrement encore insuffisant.
Cette situation reflète une problématique plus large qui touche tout le secteur minier algérien. Le projet structurant de Gara Djebilet, par exemple, est central dans la stratégie de Sonarem pour réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations. Aujourd’hui, l’Algérie importe environ 15 millions de tonnes de matières premières pour la fabrication de fer et ses dérivés, un poids financier évalué à 1,4 milliard de dollars. Avec une vision claire jusqu’en 2035, l’Algérie entend transformer ses gisements miniers – y compris ceux d’or – en moteurs de croissance.
Ce plan repose sur quatre piliers : le développement de l’activité minière, la transformation locale des produits miniers, la gouvernance efficace et la mobilisation des ressources humaines et financières. La formation n’est pas en reste. L’Algérie a lancé des écoles spécialisées dans les métiers des mines et discute actuellement avec des institutions italiennes pour créer une école dédiée au marbre. Ce même esprit d’ouverture anime aussi les projets autour de l’or. L’Algérie veut combler ses lacunes techniques par l’expertise étrangère et ne s’en cache pas : l’appel aux Allemands, Japonais, Canadiens et Australiens concerne également le secteur aurifère.
L’Algérie ne veut plus seulement extraire de l’or ; elle veut le valoriser, le transformer, et l’intégrer dans des chaînes industrielles porteuses. Un exemple concret de cette dynamique est le projet de fabrication de batteries électriques, dans lequel le fer, le phosphate et, potentiellement, le lithium extrait du Hoggar, sont mobilisés. Si la priorité reste l’électricité verte, l’or et les autres métaux précieux ne sont pas exclus des futures synergies industrielles que l’Algérie cherche à bâtir.
Sur le terrain, 26 projets ont déjà été confiés par l’Agence nationale de l’activité minière à travers 35 wilayas. Cette décentralisation de l’activité vise à faire de l’exploitation minière, y compris celle de l’or, un pilier de l’économie locale. En parallèle, l’Algérie explore activement les ressources en marbre, avec un potentiel de 145 millions de mètres cubes. Une vingtaine de gisements sont d’ores et déjà confiés à Sonarem, et un partenariat avec l’Italie est en cours pour développer cette filière.
L’Algérie a donc franchi une étape décisive. L’or, longtemps exploité de manière artisanale et inefficace, devient aujourd’hui l’un des symboles de la nouvelle stratégie industrielle nationale. À travers son appel aux partenaires étrangers, l’Algérie veut transformer un potentiel inexploité en richesse durable. Dans cette vision, l’or de l’Algérie ne se contente plus d’être une ressource dormante, mais aspire à devenir un vecteur de transformation économique.