Paris : le restaurant algérien « La Table de Yemma » victime d’un déferlement de haine

La Table de Yemma restaurant algérien Paris

La capitale française est une ville où la diversité culinaire se mêle à la richesse culturelle, offrant un large éventail de saveurs venues du monde entier. Parmi les restaurants qui se démarquent à Paris, « La Table de Yemma » s’est imposé comme une référence pour les amateurs de gastronomie algérienne. Cependant, ce restaurant ne se contente pas de ravir les papilles ; il se trouve aujourd’hui au cœur d’une controverse inattendue, alimentée par des tensions qui dépassent largement le cadre de la cuisine.

Depuis plusieurs semaines, « La Table de Yemma » fait face à une vague d’attaques en ligne. Des messages anonymes fusent, remplis de haine et de mépris. On y lit des propos qui n’ont rien à voir avec la cuisine : des accusations d’appropriation culturelle, des insultes visant l’identité algérienne et même des appels à la fermeture du restaurant. « On nous dit que nous sommes un peuple sans histoire, un « ramassis du colonialisme français », un peuple sans culture. Nous recevons des menaces, des appels à la fermeture de notre restaurant, et un déferlement de propos méprisants qui visent à nier notre identité », confient les propriétaires à DNAlgérie.

L’origine de ces attaques semble claire. Une frange d’internautes marocains s’acharne à décrédibiliser l’établissement, l’accusant de s’approprier des plats qui, selon eux, relèveraient exclusivement de la gastronomie marocaine. Cette rhétorique, déjà bien connue sur les réseaux sociaux, prend ici une tournure plus concrète, allant jusqu’à des menaces réelles contre un simple restaurant parisien. Pourtant, « La Table de Yemma » ne prétend jamais autre chose que proposer une cuisine inspirée de la tradition algérienne, mettant en avant des plats emblématiques tels que le couscous, la chorba et les grillades typiques du pays.

Le phénomène n’est pas nouveau. La rivalité historique entre l’Algérie et le Maroc dépasse souvent le cadre politique pour s’immiscer dans des sphères culturelles et populaires. Ces dernières années, la question du patrimoine culinaire est devenue un terrain de tensions, chaque camp revendiquant l’origine de certains plats emblématiques du Maghreb. Ce débat s’est intensifié avec les réseaux sociaux, où les discussions autour de la cuisine deviennent parfois le prétexte à des querelles identitaires exacerbées.

Ce qui est particulièrement troublant dans cette affaire, c’est l’ampleur des accusations infondées qui circulent. Certains affirment que « La Table de Yemma » aurait remplacé un ancien restaurant marocain, ce qui serait la preuve d’un « vol » de culture. Pourtant, les faits disent tout autre chose : l’établissement a été aménagé dans les locaux d’une ancienne boulangerie qui existait depuis plus de 40 ans. Les travaux ont duré plus de neuf mois avant que le restaurant n’ouvre ses portes, et à aucun moment il n’a été question d’un rachat d’un quelconque établissement marocain.

Cette polémique pose une question plus large : pourquoi la cuisine devient-elle un champ de bataille idéologique ? La gastronomie, censée être un vecteur de partage et de découverte, semble aujourd’hui prise en otage par des tensions qui dépassent largement le cadre culinaire. Pourtant, il n’y a rien d’incompatible entre la reconnaissance des spécificités de chaque culture et l’appréciation des influences communes qui les traversent. L’Algérie et le Maroc partagent un socle gastronomique riche, issu d’une histoire commune, et plutôt que de s’y opposer, il serait plus juste de célébrer cette diversité.

En attendant, « La Table de Yemma » continue de faire ce qu’elle sait faire de mieux : proposer une cuisine généreuse et authentique à ses clients à Paris. Malgré les attaques, le restaurant garde le cap et se concentre sur sa mission première : offrir un espace chaleureux où les amateurs de gastronomie algérienne peuvent se retrouver et savourer des plats préparés avec passion. Face à la haine, la réponse semble être toute trouvée : continuer à exister, à cuisiner et à partager. Car après tout, la véritable force d’une culture réside dans sa capacité à se perpétuer et à rayonner, bien au-delà des polémiques éphémères des réseaux sociaux.

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