Au cœur de Paris, une scène banale, impliquant un jeune algérien, a soudainement basculé dans l’inattendu, laissant une journaliste algérienne à la fois désemparée et admirative. Ce qui devait être un simple rendez-vous fixé via une plateforme de vente en ligne s’est transformé en véritable course-poursuite dans les rues de la capitale française. À l’origine de ce dénouement heureux : un jeune Algérien d’origine chaouie, dont l’intervention rapide et désintéressée a permis de rendre à la journaliste son smartphone subtilisé à Paris.
Tout avait commencé de manière ordinaire. La journaliste Dounia Mesli avait convenu d’un rendez-vous avec deux jeunes prétendus acheteurs, un garçon et une fille, après avoir mis en vente son téléphone sur Leboncoin. Le lieu choisi, la station Porte de Clichy, est fréquenté et rassurant. Une transaction sans histoire, pensait-elle. Les interlocuteurs arrivent, souriants, polis, et lui montrent l’argent pour gagner sa confiance. La fille s’éloigne prétextant devoir vérifier quelque chose, tandis que le garçon examine encore l’appareil. Quelques secondes plus tard, tout bascule : le jeune homme lui lance un bref remerciement et disparaît en courant, téléphone en main.
La journaliste se met immédiatement à sa poursuite, choquée par ce vol commis avec tant d’aplomb. Autour d’elle, des passants comprennent rapidement la situation et plusieurs se lancent spontanément à la suite du voleur. Parmi eux, un Algérien en trottinette électrique réagit presque instantanément. Sans poser de questions, il confie son engin à la victime et part à grandes enjambées derrière le fuyard. Dans la foule, chacun espère un miracle, car la scène s’étire des quais du métro jusqu’aux rues animées menant vers Porte de Clignancourt – un trajet long, irrégulier et difficile à couvrir en courant.
Pendant de longues minutes, la journaliste reste en arrière, tremblante, tenant une trottinette qui n’est même pas la sienne, redoutant déjà le pire. Elle se reproche sa confiance, se dit qu’elle a été trop naïve, tout en surveillant la foule dans l’espoir de voir réapparaître quelqu’un. Puis enfin, son sauveur revient. Essoufflé, transpirant, mais victorieux, il lui remet le téléphone ainsi que le chargeur. Il a réussi à rattraper le voleur et à récupérer l’appareil sans demander quoi que ce soit en échange.
Toujours sous le choc, la journaliste tente de lui offrir un billet de 20 euros, le seul qu’elle ait sur elle à ce moment-là. Le jeune homme refuse catégoriquement, secouant la tête avec un sourire modeste, comme si sa course de plusieurs centaines de mètres n’était qu’un geste normal, attendu, presque banal. Elle insiste, il refuse à nouveau et s’éloigne, reprenant sa trottinette et disparaissant dans la foule parisienne comme il en était sorti quelques minutes plus tôt.
Encore émue, la journaliste partage ensuite son histoire sur son compte X (anciennement Twitter). Elle y décrit le vol, la peur, la confusion, mais surtout la générosité de cet inconnu qui a risqué sa trottinette, son souffle et peut-être même sa soirée pour aider une parfaite étrangère. Elle précise qu’il est Algérien, d’origine chaouie, et tient à le remercier publiquement, soulignant la solidarité dont il a fait preuve et la rapidité avec laquelle plusieurs autres Algériens présents sur les lieux ont également tenté de lui venir en aide.
Ce récit, largement relayé sur les réseaux sociaux, offre un contre-pied rare et précieux dans un quotidien souvent marqué par l’individualisme. Il rappelle que dans une grande ville comme Paris, où l’on se pense parfois invisible, un geste de courage peut tout changer. Pour cette journaliste, ce jeune Algérien restera l’inconnu héroïque qui a transformé une journée qui avait mal commencé en témoignage vibrant de solidarité. Pour beaucoup, son intervention confirme que les héros du quotidien n’ont ni uniforme ni statut : seulement un sens profond de l’entraide et une capacité instinctive à agir quand il le faut.