Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a récemment profité de son discours à la nation pour aborder la question délicate des relations entre l’Algérie et la France. Prenant la parole devant les membres des deux chambres du Parlement au Palais des Nations, il a mis l’accent sur des points historiques et mémoriels sensibles, réaffirmant la nécessité pour la France de reconnaître les crimes coloniaux perpétrés en Algérie.
Dans une déclaration marquante, Abdelmadjid Tebboune a souligné qu’il n’était pas question de demander une compensation financière pour les souffrances infligées par le colonialisme de la France. Selon lui, la priorité réside dans une reconnaissance morale des faits. « Vous êtes devenus une puissance nucléaire et vous nous avez laissé des maladies. Venez nettoyer, nous n’avons rien à faire de votre argent. Je ne laisserai pas tomber la mémoire. Je ne réclame pas une compensation financière, je veux plutôt une reconnaissance morale », a-t-il affirmé avec fermeté. Insistant sur l’importance de cette démarche, il a ajouté : « Je ne demande pas à ce que vous vous excusez de ce qu’ont fait vos ancêtres en Algérie, mais au moins reconnaissez. »
Le président a également rappelé les atrocités commises durant la colonisation, qualifiant certains actes de génocidaires. Il a notamment évoqué les exactions de Bugeaud, figure emblématique de la colonisation française, tout en réfutant les arguments souvent avancés selon lesquels la France aurait laissé un « paradis » en Algérie. « Ceux qui disent qu’ils ont laissé un paradis en Algérie doivent savoir qu’au lendemain de l’indépendance, 90 % de la population algérienne était analphabète », a-t-il asséné, pointant du doigt les conséquences désastreuses du colonialisme sur le développement social et éducatif du pays.
En poursuivant sur cette thématique, Abdelmadjid Tebboune a fait une proposition symbolique forte : la mise en place d’une statue géante de l’Émir Abdelkader à Paris, capitale de la France. Ce geste, selon lui, représenterait une reconnaissance significative envers un héros algérien de la résistance contre la colonisation française. L’Émir Abdelkader, figure de proue de la lutte algérienne au XIXᵉ siècle, incarne non seulement la résistance, mais également les valeurs de dignité et de liberté. Le président a exprimé son espoir de voir un jour cette statue trôner dans la capitale française, comme un signe de réconciliation et de respect mutuel.
Abdelmadjid Tebboune a également critiqué la glorification par certains des pratiques coloniales françaises, notamment la conservation de crânes de résistants algériens comme des « butins de guerre ». « Ils parlent de civilisation alors qu’ils se vantent d’avoir pris des crânes comme des butins de guerre », a-t-il déclaré avec indignation. Ce point fait écho à un événement marquant de juillet 2020, lorsque la France a restitué à l’Algérie 24 crânes de résistants, conservés depuis le XIXᵉ siècle dans les réserves du musée de l’Homme à Paris. Ce geste, bien que salué comme une avancée, reste insuffisant aux yeux de nombreux Algériens, qui réclament davantage de reconnaissance pour les actes du passé.
Les recherches menées par le musée de l’Homme avaient permis de recenser 41 crânes appartenant à la collection algérienne. Parmi eux, sept ont été identifiés comme appartenant à des figures de la résistance, tandis que d’autres restaient anonymes ou liés à des supplétifs de l’armée coloniale. La restitution de ces crânes a marqué une étape symbolique dans la tentative de réconciliation des mémoires entre les deux pays, mais les attentes demeurent élevées.
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