L’incident survenu à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle impliquant des passagers d’Air Algérie ne cesse de faire des vagues. Tout est parti de témoignages glaçants de voyageurs algériens, dénonçant des contrôles jugés « dégradants et discriminatoires » à leur arrivée sur le sol français. L’affaire, rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux, a pris une tournure diplomatique, contraignant Alger à convoquer l’ambassadeur de France pour des explications. Mais du côté français, l’omerta semble de mise, et la réponse officielle des Aéroports de Paris (ADP) a laissé plus de questions que de réponses.
Tout a commencé le 24 janvier dernier, lorsque plusieurs passagers Air Algérie du vol Alger – Roissy ont raconté leur mésaventure sur les réseaux sociaux. Parmi eux, le réalisateur algérien Bachir Derrais, qui a partagé un récit détaillé de ce qu’il a vécu à son arrivée. Selon lui, un « tri » méthodique aurait été opéré par la Police aux Frontières (PAF), qui aurait soumis les voyageurs algériens à des contrôles particulièrement stricts et à des interrogatoires prolongés. Il évoque une atmosphère pesante, où chaque passager en provenance d’Algérie semblait être traité avec une suspicion systématique, contraint d’attendre indéfiniment sans réelle explication.
Rapidement, d’autres témoignages ont afflué, confirmant la version de Derrais. Plusieurs passagers ont raconté avoir été bloqués pendant de longues heures, fouillés minutieusement, interrogés avec insistance sur le but de leur voyage et leurs ressources financières. Certains évoquent même des remarques condescendantes de la part des agents de la PAF, rendant l’expérience encore plus humiliante. « On nous a traités comme des suspects alors qu’on venait juste rendre visite à nos familles », raconte un passager dans une vidéo devenue virale sur TikTok.
Face à l’ampleur de l’affaire, la diplomatie algérienne n’a pas tardé à réagir. Le 28 janvier, le ministère des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France en Algérie pour exiger des explications. Dans un communiqué officiel, Alger a dénoncé des « traitements provocateurs, dégradants et discriminatoires » infligés aux voyageurs algériens, tant à Roissy qu’à Orly. Une manière de signaler que cet incident n’est pas isolé et que ces pratiques semblent se répéter régulièrement dans les aéroports français.
Mais alors que la tension monte, les autorités françaises restent étrangement silencieuses. Ni le ministère de l’Intérieur ni les services de l’aéroport n’ont pris la peine de commenter l’affaire. Sollicités par VVA, les Aéroports de Paris (ADP), qui gèrent les plateformes de Roissy et Orly, ont refusé de s’exprimer. « Merci bien de vous adresser au ministère de l’Intérieur », a simplement répondu ADP, laissant entendre que la gestion des contrôles relève exclusivement des services de la PAF, placés sous l’autorité du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Ce mutisme ne fait qu’alimenter la colère des voyageurs et des internautes, qui dénoncent une politique de contrôle arbitraire visant spécifiquement les ressortissants algériens. Sur les réseaux sociaux, les hashtags #RespectPourLesVoyageurs et #StopDiscrimination ont fleuri, et de nombreuses vidéos dénonçant ces pratiques ont été partagées des milliers de fois. Certains internautes n’hésitent pas à faire le parallèle avec d’autres aéroports européens où des contrôles similaires sont rapportés, pointant du doigt un problème plus large de discrimination à l’encontre des voyageurs maghrébins.
L’absence de réponse des autorités françaises ne fait qu’exacerber la situation. En Algérie, l’affaire est prise très au sérieux, et certains observateurs estiment que le gouvernement pourrait exiger des garanties pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent. Des voix s’élèvent même pour réclamer des mesures de réciprocité, appelant à un durcissement des contrôles pour les ressortissants français voyageant en Algérie.
En attendant, les passagers d’Air Algérie continuent de témoigner et d’exposer leur indignation. Certains envisagent même de déposer des plaintes pour traitement abusif, espérant que cette mobilisation forcera les autorités françaises à s’expliquer. Mais en l’absence d’une enquête officielle ou d’une réaction claire du gouvernement français, le flou demeure, et les tensions entre Alger et Paris pourraient bien s’envenimer encore davantage.
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