Passeport algérien pour les sans-papiers : Retailleau monte au créneau

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Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a vivement réagi ce vendredi à la délivrance du passeport algérien par les consulats en France, en particulier celui de Toulouse, en déclarant : « Le consulat algérien de Toulouse a délivré des centaines de passeports à des clandestins ». Selon lui, ces documents sont remis à des ressortissants algériens en situation irrégulière sur le sol français, leur permettant ainsi d’obtenir ou de régulariser un séjour. Pourtant, il convient de rappeler que tout ressortissant algérien, même sans-papiers, a le droit de solliciter un passeport algérien auprès des autorités consulaires de son pays. Retailleau n’a toutefois pas remis en question ce droit fondamental, mais a dénoncé la finalité et les circonstances de certaines délivrances qu’il juge incompatibles avec les règles de coopération franco-algérienne.

Le ministre a précisé qu’il allait donner instruction aux préfets « de ne pas reconnaître ces documents, distribués dans ces conditions-là », dans les procédures de délivrance de titres de séjour. À travers cette déclaration, Retailleau entend rompre avec ce qu’il considère comme une forme de laxisme, en s’opposant frontalement à ce qu’il perçoit comme une entorse à la politique migratoire de l’État français. « Je vais aussi demander à mes services de préparer plusieurs mesures pour empêcher la venue, l’établissement ou la circulation en France des membres de la nomenclatura impliqués dans le dénigrement de la France », a-t-il ajouté, visant les élites algériennes bénéficiant de facilités de déplacement.

Retailleau a, à plusieurs reprises, exprimé son opposition aux accords de 1968 entre la France et l’Algérie, déclarant qu’il est « très favorable à la sortie des accords de 1968 ». Ces accords, toujours en vigueur, confèrent un statut migratoire particulier aux ressortissants algériens en France. Pour le ministre, cette situation n’est plus tenable. Il estime que « s’ils ne sont pas dénoncés avant la fin de ce quinquennat, il faudra le faire après la prochaine présidentielle ». Selon lui, les conditions de réciprocité prévues dans ces accords ne sont plus respectées, l’Algérie refusant, selon ses mots, « la reprise des ressortissants algériens expulsés », comme le prévoit l’accord de 1994.

Dans une autre déclaration, Retailleau a exprimé sa volonté de « bloquer au niveau européen la négociation en cours sur l’accord d’association » entre l’Union européenne et l’Algérie, considérant que « l’Algérie y gagne beaucoup plus que l’Europe, avec des tarifs douaniers préférentiels ». Il s’agit là d’un volet économique qui, selon lui, doit être revu à l’aune des tensions diplomatiques et migratoires. À ses yeux, « la diplomatie des bons sentiments a échoué », notamment dans la gestion des dossiers sensibles comme la détention de deux Français en Algérie : l’écrivain Boualem Sansal et le journaliste Christophe Gleizes.

Refusant d’envisager une démission malgré les pressions, Retailleau affirme : « C’est ce que cherche à obtenir le pouvoir algérien » et « ce serait pour eux une victoire ». Il annonce, en parallèle, avoir proposé « une augmentation de 160 millions d’euros de droit de timbre dans le domaine de l’asile et de l’immigration », preuve selon lui d’un engagement résolu à durcir la politique migratoire française.

Alors que les relations entre Paris et Alger traversent une période de turbulences, Bruno Retailleau poursuit sa ligne de fermeté. Le passeport algérien, au cœur de cette polémique, devient ainsi un enjeu symbolique et politique, cristallisant les tensions autour des questions d’identité, de souveraineté, et de coopération internationale. Retailleau persiste : pour que les règles soient respectées, il faut, selon lui, repenser en profondeur la manière dont la France traite la question migratoire et redéfinir les termes du partenariat avec l’Algérie.