Passeport algérien : une mention embarassante supprimée ?

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Parfois, ce sont les détails les plus subtils qui provoquent les plus grands bouleversements dans le quotidien des citoyens. C’est précisément ce que vivent de nombreux Algériens établis à l’étranger ou désireux de s’y rendre, confrontés à une mention bien spécifique dans leurs documents officiels : « né vers ». Cette formule, apposée sur certains extraits de naissance et transposée dans le passeport algérien, représente une véritable embûche pour ceux qui doivent faire valoir leur identité devant les autorités étrangères. En cause, l’absence de précision sur le jour et le mois de naissance, remplacés par une approximation que les systèmes administratifs modernes peinent à intégrer.

Le 6 avril 2025, cette question est revenue sur le devant de la scène par le biais d’une lettre officielle adressée par le député Ahmed Rabhi au ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales. Le parlementaire y expose une réalité préoccupante que vivent plusieurs ressortissants algériens à l’étranger. Sur sa page Facebook, il a partagé le contenu de cette lettre, dans laquelle il souligne que bon nombre d’Algériens possèdent encore des documents où leur date de naissance est imprécise. Cette imprécision, marquée par la mention « né vers », résulte du fait que certains extraits de naissance n’indiquent que l’année de naissance, sans mention du jour ni du mois.

Ce manque de clarté se traduit par de réelles difficultés pour les citoyens concernés. Lorsqu’ils présentent leur passeport algérien à l’occasion d’un contrôle, d’une demande de titre de séjour ou d’un autre acte administratif dans leur pays d’accueil, ils se heurtent à des systèmes numériques stricts, qui ne reconnaissent pas les approximations. Les conséquences sont immédiates : retards de traitement, rejets de dossiers, suspicion d’identité ou encore obligation de fournir des justificatifs complémentaires. Un processus qui peut devenir kafkaïen pour ceux qui, de bonne foi, ne disposent d’aucune autre preuve de leur date de naissance exacte.

Dans sa lettre, le député Rabhi insiste sur le fait que ce problème n’est pas nouveau. Il pointe du doigt l’origine de la situation : un Code de l’état civil obsolète, en vigueur depuis plus de cinquante ans, et qui n’a jamais été révisé pour s’adapter à l’évolution des normes administratives mondiales. Le parlementaire plaide donc pour une réforme en profondeur de ce code, qu’il estime dépassé et inadapté à l’ère de la digitalisation des services publics. Il appelle les autorités à harmoniser les documents d’état civil avec les exigences des pays partenaires, notamment européens, où la majorité de la diaspora algérienne est installée.

En attendant une réforme globale, Ahmed Rabhi propose une solution transitoire : remplacer la mention « né vers » par une date de naissance fictive mais complète, telle que le 1er janvier ou le 31 décembre de l’année concernée. Cette solution permettrait de pallier les effets négatifs de l’imprécision, tout en restant dans un cadre administratif clair et cohérent. Il précise qu’une telle mesure ne serait que temporaire, en attendant la mise en œuvre de réformes conjointes entre le ministère de l’Intérieur et le ministère de la Justice.

Ce compromis permettrait à des milliers de ressortissants algériens d’éviter des tracas inutiles dans leurs démarches. Les effets seraient immédiats : fluidification des procédures, reconnaissance sans équivoque de leur identité, et simplification des relations avec les institutions étrangères. De plus, cela renforcerait la crédibilité des documents algériens aux yeux des administrations internationales.

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Dans cette même lettre, datée du 6 avril 2025, le député interpelle le ministre sur l’urgence d’une décision pragmatique. Il propose explicitement que les services compétents procèdent à la suppression de la mention « né vers » du passeport algérien, et la remplacent par une date par défaut dans les passeports des citoyens concernés. Il estime qu’une telle modification, même administrative, aurait des répercussions humaines positives, en réduisant le stress et les complications vécues au quotidien par ces Algériens.

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Cette problématique soulève également une question plus large : celle de l’adaptation des structures administratives aux nouvelles réalités migratoires. Avec une diaspora de plusieurs millions d’individus, l’Algérie se doit de répondre aux défis posés par l’intégration administrative dans les pays d’accueil. Il ne s’agit pas seulement de conformité technique, mais de reconnaissance de l’identité, de simplification des démarches et de respect des droits fondamentaux de ses citoyens, où qu’ils soient dans le monde.

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Le signal d’alarme est lancé. La mobilisation du député Ahmed Rabhi vient remettre en lumière un angle souvent ignoré de la politique publique. Reste désormais à voir si les autorités prendront en compte cet appel et enclencheront enfin les réformes tant attendues. D’ici là, des milliers d’Algériens continueront à naviguer dans un flou administratif, prisonniers d’une mention qui, bien que discrète, reste lourde de conséquences.