Pour la deuxième fois en l’espace de moins de deux semaines, l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, a été convoqué par le ministère des Affaires étrangères algérien. Cette procédure diplomatique intervient lorsqu’un État souhaite exprimer son mécontentement face aux agissements du pays représenté par le diplomate concerné.
Cette nouvelle convocation fait suite à la question des propriétés immobilières algériennes exploitées par l’ambassade de France et ses annexes diplomatiques. Les autorités algériennes considèrent que certains privilèges dont bénéficie la représentation française ne sont plus justifiés, surtout dans un contexte où les relations entre les deux pays sont marquées par des tensions croissantes et une perception d’escalade hostile de la part de Paris envers les intérêts algériens. Alger estime ainsi qu’une révision de ces avantages est légitime et nécessaire.
Depuis décembre dernier, Stéphane Romatet a été convoqué à quatre reprises par le ministère algérien des Affaires étrangères. La première convocation visait à lui adresser une protestation formelle concernant des activités présumées des services de renseignement français, accusés d’avoir tenté de recruter des ressortissants algériens à des fins stratégiques.
La convocation précédente était liée à l’annonce de la participation de l’armée française à des manœuvres militaires conjointes avec l’armée marocaine dans la région d’Errachidia, située près des frontières algériennes. Un acte perçu par les autorités algériennes comme une provocation inacceptable.
La multiplication de ces convocations interroge sur la nature des relations diplomatiques entre les deux pays. Un ambassadeur fréquemment convoqué par le ministère des Affaires étrangères du pays hôte est souvent un indicateur de tensions profondes. Cela soulève une question majeure : la France pourrait-elle retirer son ambassadeur ou celui-ci risque-t-il d’être déclaré persona non grata, à l’image de l’ambassadeur sud-africain aux États-Unis récemment expulsé ? D’autant plus que l’Algérie a déjà rappelé son propre ambassadeur à Paris depuis l’été dernier, un fait qui pourrait inciter la France à adopter une mesure de réciprocité.
Les experts en diplomatie estiment que le rappel d’un ambassadeur ou son expulsion sont des mesures qui traduisent une crise diplomatique ouverte et difficilement réversible. Mais alors, pourquoi la France n’a-t-elle pas encore pris la décision de retirer son représentant en Algérie, alors que ce dernier est manifestement limité dans l’exercice de ses fonctions ? Contrairement à ses prédécesseurs, Stéphane Romatet ne bénéficie plus de la même liberté de mouvement ni d’accès aux responsables politiques, aux médias et aux acteurs associatifs algériens.
Un analyste diplomatique interrogé par Echourouk explique que la France tient à maintenir son ambassadeur en poste malgré les tensions, car il reste un canal de communication officiel et direct avec les autorités algériennes. Un chargé d’affaires, qui représenterait un niveau de diplomatie inférieur, ne disposerait pas des mêmes prérogatives, notamment en matière de délégation et de prise de décisions importantes.
Selon ce même expert, chaque convocation de l’ambassadeur français est liée à une question spécifique, bien que toutes ces affaires s’inscrivent dans la crise persistante qui affecte les relations franco-algériennes depuis plusieurs mois. Cela témoigne d’un niveau de tension rarement atteint auparavant.
Par ailleurs, le rôle d’un ambassadeur ne se limite pas seulement aux interactions officielles entre son pays et l’État hôte. Il joue également un rôle clé dans la coordination avec les autres ambassadeurs présents en Algérie, notamment ceux des pays membres de l’Union européenne. Ce positionnement stratégique confère à la France un levier diplomatique important qu’elle ne souhaite visiblement pas affaiblir.
Dans ce contexte, Paris semble privilégier une approche attentiste, évitant d’aggraver la situation en retirant son ambassadeur. Cette décision s’explique par le fait qu’un retrait serait perçu comme un geste diplomatique fort, risquant d’accentuer encore davantage la crise entre les deux pays. Pour l’instant, malgré les tensions et les convocations répétées, Stéphane Romatet demeure en poste, symbolisant la volonté française de maintenir une présence diplomatique active en Algérie malgré l’orage qui assombrit les relations bilatérales.
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