L’affaire suscite une vive curiosité en France, après qu’un Algérien a été intercepté à bord de son véhicule avec près de 800 000 euros en liquide. Les faits se sont déroulés à Biarritz, où les agents de la Direction générale des douanes et droits indirects ont procédé à un contrôle routier de routine. Le conducteur, un homme âgé de 39 ans, de nationalité franco-algérienne et résidant en région parisienne, roulait en direction de l’Espagne lorsqu’il a été arrêté. En inspectant le véhicule, les douaniers ont découvert avec stupéfaction 799 870 euros en petites coupures, soigneusement rangés dans quatre paquets distincts, dissimulés à l’intérieur de la voiture. L’argent, d’origine encore indéterminée, a été immédiatement saisi et placé sous scellés, conformément à la procédure.
Selon les informations relayées par Le Figaro, cette saisie spectaculaire s’inscrit dans le cadre des opérations de surveillance transfrontalière menées par les services des douanes en France. Le transport d’une telle somme sans déclaration préalable constitue une infraction grave au code des douanes, exposant le contrevenant à la confiscation totale des fonds ainsi qu’à d’éventuelles poursuites pénales. En France, toute personne transportant plus de 10 000 euros en liquide doit obligatoirement en faire la déclaration aux autorités. Dans le cas de cet Algérien, les 800 000 euros n’avaient fait l’objet d’aucune notification, renforçant les soupçons de blanchiment ou de trafic lié à des activités illicites.
L’affaire a pris une tournure encore plus étrange dans la nuit du 19 au 20 octobre, lorsque la brigade des douanes de Cambo-les-Bains, où les euros saisis avaient été stockés, a été la cible d’une tentative d’effraction. D’après le parquet de Bordeaux, un individu aurait tenté de s’introduire dans les locaux, probablement dans le but de récupérer les 800 000 euros saisis chez l’Algérien. L’intrus n’a cependant pas réussi à pénétrer à l’intérieur et a pris la fuite avant l’arrivée des forces de l’ordre. Le procureur Renaud Gaudeul a confirmé que l’auteur de la tentative avait quitté les lieux bredouille, sans parvenir à commettre le vol ni causer de dégâts majeurs.
Une enquête parallèle a aussitôt été ouverte pour déterminer si cette tentative d’effraction est directement liée à la saisie de l’argent liquide. Les premières analyses tendent à le confirmer, laissant penser qu’il s’agissait d’une opération planifiée pour récupérer les 800 000 euros d’origine douteuse. Pendant ce temps, l’Algérien interpellé à Biarritz a été placé en garde à vue. Refusant de s’exprimer devant les enquêteurs, il a été présenté à un juge d’instruction, mis en examen puis placé en détention provisoire.
La Juridiction interrégionale spécialisée de Bordeaux a ouvert une information judiciaire pour plusieurs chefs d’accusation graves : blanchiment de trafic de stupéfiants, blanchiment douanier, association de malfaiteurs, transfert non déclaré d’argent liquide supérieur à 10 000 euros, et tentative de vol en bande organisée. Les enquêteurs de l’Office national antifraude (Onaf) et de l’antenne bayonnaise de l’Office antistupéfiants (Ofast) ont été saisis du dossier. Leur mission consiste désormais à retracer l’origine des euros retrouvés chez l’Algérien en France, à identifier d’éventuels complices, et à déterminer la destination finale des fonds.
Cette affaire, à la croisée du blanchiment et du crime organisé, illustre les défis auxquels les autorités françaises sont confrontées dans la lutte contre les flux financiers illicites. Elle révèle aussi à quel point les frontières, même surveillées, restent un lieu de transit privilégié pour les trafiquants. En attendant les conclusions définitives de l’enquête, l’Algérien impliqué demeure derrière les barreaux, tandis que les 800 000 euros saisis en France pourraient bien constituer une pièce maîtresse d’un réseau plus vaste encore.