« Président Tebboune, n’allez pas en Irak » : que signifie cet appel ? 

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C’est une voix venue de la rue, mais portée par les réseaux sociaux avec une rare intensité. Ces derniers jours, une phrase aussi simple qu’alarmante circule avec insistance : « M. le Président Tebboune… n’allez pas en Irak ». Derrière cette demande au ton presque intime se cache un sentiment collectif, profond et inquiet, né non pas d’un rejet de l’Irak, mais d’une vigilance accrue face à un contexte régional instable. Loin d’être un slogan de confrontation, cet appel exprime une inquiétude citoyenne nourrie par la mémoire, les faits géopolitiques et les blessures encore ouvertes de l’histoire.

Le hashtag « Tebboune n’allez pas en Irak » a surgi spontanément, gonflé d’un souffle populaire, comme pour envoyer un message urgent au sommet de l’État. L’invitation du président irakien à son homologue algérien pour le sommet arabe prévu à Bagdad à la mi-mai n’est pas remise en cause sur le fond. L’Algérie et l’Irak partagent une fraternité ancienne, renforcée par des gestes diplomatiques forts ces dernières années. Mais pour de nombreux Algériens, ce n’est pas le bon moment. Pas dans ce contexte. Pas à cet endroit.

En creusant dans les milliers de messages publiés en ligne, ce n’est pas de la défiance qui émerge, mais une lucidité teintée d’angoisse. Plusieurs internautes évoquent les risques liés à un environnement devenu, selon eux, un terrain de confrontation entre puissances invisibles : des services de renseignement étrangers qui se croisent, des intérêts géostratégiques en opposition frontale, et une instabilité sécuritaire chronique. À leurs yeux, le président algérien serait exposé à des dangers imprévisibles dans un pays où le sol reste fragile, et les alliances, mouvantes.

Des arguments historiques viennent renforcer ce sentiment. Le souvenir de la disparition inexpliquée de Houari Boumediene, quelques mois après une visite officielle en Irak en 1978, reste gravé dans les esprits. Même si aucun lien direct n’a jamais été prouvé, la coïncidence suffit à semer le doute. De même, le drame de 1982, lorsque Mohamed Seddik Benyahia et treize membres de sa délégation diplomatique ont péri dans un avion abattu au-dessus de la frontière irano-irakienne, continue d’alimenter une méfiance persistante. Pour beaucoup, ces épisodes constituent des avertissements silencieux.

La campagne numérique prend un ton presque protecteur. Ce n’est pas un refus diplomatique, mais un cri de précaution. Le président Abdelmadjid Tebboune, en acceptant cette invitation, ne poserait pas seulement le pied sur le territoire irakien, mais dans ce que certains décrivent comme un champ de mines invisibles. Plusieurs messages parlent d’une zone « grise », traversée d’influences multiples : américaines, iraniennes, israéliennes, turques. Un internaute écrit que « chaque coin d’ombre à Bagdad cache un œil qui observe ou une main qui prépare ».

Des vidéos relayées par les internautes renforcent la portée de ce message. Une femme y interpelle directement le chef de l’État, les larmes aux yeux, en appelant à la prudence. Elle n’accuse pas, elle supplie. Et elle rappelle que l’Histoire, quand elle se répète, n’envoie pas toujours de préavis. Plus surprenant encore, certaines publications mentionnent les propos d’une voyante ayant prédit une tentative d’empoisonnement lors du sommet en Irak. Si ce genre de message ne fait pas consensus, il témoigne de l’atmosphère anxiogène qui entoure cette visite potentielle.

Ce n’est pas la diplomatie qui est en cause, ni même la relation entre les deux pays. L’Irak, dans l’imaginaire algérien, garde sa place parmi les frères. Ce que réclame cette mobilisation numérique, c’est simplement de la prudence. Et si jamais le président algérien venait à accepter cette invitation, il deviendrait le premier chef d’État algérien à se rendre en Irak depuis la mort de Boumediene. Un symbole fort, certes, mais peut-être trop lourd à porter dans le climat actuel.

Ainsi, l’appel lancé à Abdelmadjid Tebboune, pour éviter un déplacement en Irak, traduit une forme inédite de diplomatie citoyenne. Une voix populaire qui ne conteste pas, mais qui alerte. Une forme d’amour national qui ne se drape pas de slogans, mais se révèle dans la peur sincère de perdre un président. Ce n’est ni un rejet, ni une ingérence : c’est une supplique.

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