Procès de Marine Le Pen : le Karma des Algériens s’abat sur le RN

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Marine Le Pen, figure de proue du Rassemblement National, a longtemps incarné une rhétorique accusatrice envers la communauté algérienne en France, pointant du doigt leur supposée responsabilité dans les maux du pays. Pourtant, dans un retournement de situation digne des plus grands scénarios politiques, c’est aujourd’hui elle et plusieurs cadres de son parti qui se retrouvent sous le feu des projecteurs judiciaires. Le tribunal de Paris a rendu son verdict au sujet du procès de Marine Le Pen : coupable de détournement de fonds publics, la cheffe de file de l’extrême droite voit son avenir politique sérieusement compromis.

Lundi 31 mars 2025, la sentence est tombée, implacable. Marine Le Pen et huit autres eurodéputés du RN ont été condamnés, suite à leur procès, pour avoir utilisé indûment des fonds destinés aux assistants parlementaires européens. Une affaire qui a éclaté il y a plusieurs années, mettant en lumière un système bien rodé où des assistants étaient payés par l’Union européenne, alors qu’ils travaillaient en réalité pour le parti. Le préjudice total s’élève à 2,9 millions d’euros, une somme faramineuse qui traduit l’ampleur du stratagème mis en place.

Le tribunal n’a pas fait dans la demi-mesure, dans le cadre du procès Marine Le Pen. La peine d’inéligibilité, automatique pour ce type de délit, signifie que Marine Le Pen et ses complices politiques ne pourront plus briguer de mandat. Un coup dur pour le RN, qui misait sur elle pour les prochaines échéances électorales. La présidente du tribunal, Bénédicte de Perthuis, a détaillé avec précision les mécanismes de cette fraude massive, insistant sur le fait que ces assistants n’avaient jamais exercé de tâches parlementaires réelles. Le système était bien ficelé, les enveloppes budgétaires des eurodéputés étant utilisées pour financer un personnel entièrement dédié au parti, au mépris des règles européennes.

Cette condamnation s’accompagne d’une peine de cinq ans d’inéligibilité, assortie d’une exécution provisoire, signifiant qu’en cas d’appel, la décision s’appliquera immédiatement. Marine Le Pen se voit également infliger une peine de cinq ans de prison, dont deux fermes, ainsi qu’une amende de 300 000 euros. Une sanction sévère, qui vient anéantir ses ambitions politiques à long terme. Le parquet avait d’ailleurs qualifié cette affaire de « système structuré et organisé » destiné à contourner les règles de financement des partis.

Ironie du sort, cette affaire judiciaire rappelle à certains la virulence des discours du RN contre les Algériens de France, souvent désignés comme boucs émissaires. Cette fois, le vent a tourné. Ce n’est pas une population immigrée qui se retrouve accusée de malversations, mais bien ceux qui dénonçaient sans relâche la prétendue responsabilité des étrangers dans les dysfonctionnements du pays. Une sorte de « retour de bâton », comme l’ont souligné de nombreux commentateurs sur les réseaux sociaux, où les réactions fusent depuis l’annonce du verdict.

Marine Le Pen, qui s’est toujours présentée comme une victime du système, n’a pas tardé à dénoncer une justice politisée. « C’est ma mort politique qu’on réclame », a-t-elle martelé en décembre dernier lors des réquisitions du parquet. Une défense qui peine à convaincre, alors que les preuves accablantes s’empilent. Si son parti reste puissant dans l’opinion publique, cette affaire risque de porter un coup fatal à sa crédibilité. Le dernier baromètre Odoxa-Mascaret montre qu’elle demeure la personnalité politique la plus populaire avec 37 % de sympathisants, mais le poids des condamnations pourrait inverser la tendance.

Au sein du RN, c’est la panique. Jordan Bardella, président du parti, se retrouve en première ligne pour gérer cette crise majeure. Si l’électorat frontiste est habitué aux tempêtes judiciaires touchant ses leaders, cette condamnation dépasse de loin les polémiques habituelles. L’inéligibilité de Marine Le Pen ouvre un vide stratégique au sein du parti, et la reconstruction s’annonce difficile.

Ainsi, le RN, qui a fait de la stigmatisation un argument électoral, se retrouve à son tour rattrapé par une réalité implacable : nul n’est au-dessus des lois. Pour ceux qui ont subi des années d’accusations infondées, cette affaire sonne comme une revanche, le reflet d’un karma politique qui finit toujours par frapper, même ceux qui se croient intouchables.

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