Le traité franco-algérien de 1968 est un accord bilatéral fondamental qui régit depuis plus de cinquante ans les relations entre l’Algérie et la France, notamment en matière de mobilité des personnes et de coopération économique. Signé quelques années après l’indépendance de l’Algérie, ce traité visait à établir un cadre légal permettant aux ressortissants des deux pays de circuler et de résider dans le pays partenaire dans des conditions spécifiques, tout en maintenant une relation privilégiée entre les deux nations. L’accord est souvent évoqué dans les débats sur l’immigration en France, car il confère aux Algériens des facilités particulières, notamment pour le séjour et le travail, qui ne sont pas accordées à d’autres ressortissants étrangers.
Parmi les dispositions essentielles du traité, on retrouve des mesures concernant le séjour et le travail des Algériens en France. Le texte prévoit des procédures simplifiées pour l’obtention de titres de séjour, permettant à ceux qui souhaitent résider temporairement ou durablement en France de le faire dans un cadre légal sécurisé. Ces titres de séjour sont conçus pour faciliter la régularisation et la continuité de la résidence, et ils s’accompagnent d’un régime administratif spécifique qui distingue les ressortissants algériens des autres étrangers. En matière de travail, le traité permet également aux Algériens de travailler légalement en France, sous certaines conditions, sans que les règles générales sur les visas et permis de travail ne s’appliquent de manière identique à tous les ressortissants étrangers. Cette disposition a été déterminante dans le développement de la diaspora algérienne en France et a contribué à l’intégration économique de nombreux Algériens depuis les années 1970.
Le traité contient également des dispositions favorisant le regroupement familial, un point crucial pour les familles algériennes vivant en France. Il prévoit un cadre légal permettant aux membres de la famille proche de rejoindre plus facilement un ressortissant algérien résidant légalement dans le pays. Par ailleurs, des accords bilatéraux complémentaires permettent à certains Algériens de bénéficier d’avantages sociaux limités, notamment en matière de sécurité sociale et de retraites, bien que ces avantages restent encadrés et ne confèrent pas un accès universel aux prestations françaises. Ces mesures ont été conçues pour garantir une certaine équité et pour faciliter l’intégration des Algériens tout en respectant la législation nationale.
Ce traité est aujourd’hui au centre d’une controverse politique importante. L’extrême droite française affirme que cet accord est très avantageux pour les Algériens, notamment en matière d’immigration et d’accès aux droits de séjour et de travail, et elle tente depuis plusieurs années d’en obtenir la suppression ou la révision. Selon ses partisans, le traité créerait un traitement préférentiel injustifié par rapport aux autres ressortissants étrangers. Cependant, le président français Emmanuel Macron a clairement exclu toute abrogation. Il a affirmé que cet accord constitue un élément historique et diplomatique essentiel qui garantit la stabilité des relations bilatérales et permet de respecter les engagements internationaux de la France.
Au-delà des débats politiques, le traité franco-algérien de 1968 reste un outil concret pour faciliter la mobilité, l’emploi et la vie quotidienne des Algériens en France. Il a contribué à la formation d’une communauté établie, à la fois bien intégrée et connectée à son pays d’origine. Les experts rappellent que, malgré les critiques et la polémique actuelle, l’accord offre un cadre légal unique qui a su perdurer grâce à son équilibre entre droits et obligations, permettant aux deux pays de maintenir des liens humains et économiques solides.