Alors que le mois sacré du Ramadan débute ce samedi 1er mars 2025 en France, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a adressé une directive claire aux préfets du pays : faire preuve d’une vigilance renforcée en raison d’une menace sécuritaire toujours présente. Cette consigne, transmise via un télégramme officiel, a pour objectif d’anticiper et de prévenir tout incident lié à d’éventuels troubles à l’ordre public ou à des actes malveillants, alors que des millions de fidèles s’apprêtent à observer ce mois sacré marqué par le jeûne, la prière et les rassemblements religieux.
Dans ce document interne, révélé par l’AFP, Bruno Retailleau rappelle que la menace terroriste demeure une réalité persistante sur le territoire national, d’autant plus dans un contexte géopolitique international tendu. « Le niveau élevé de la menace terroriste qui continue de peser sur notre pays ainsi que la persistance des tensions au plan international exigent le maintien d’une extrême vigilance, notamment vis-à-vis des manifestations et des lieux à caractère religieux », écrit le ministre dans son télégramme. Cette mise en garde, qui s’inscrit dans une stratégie préventive globale, concerne les mosquées, les salles de prière et tout autre lieu de culte musulman où les fidèles se réuniront en nombre au cours des prochaines semaines.
Le Ramadan, qui s’étendra du 1er mars au 30 mars 2025, est une période particulièrement suivie par la communauté musulmane en France. Ce mois sacré s’accompagne de rassemblements importants, notamment à la tombée de la nuit, lorsque les familles et les croyants se réunissent pour l’Iftar, le repas de rupture du jeûne. Dans de nombreuses villes, des espaces sont aménagés pour accueillir ces moments de partage, tandis que certaines mosquées enregistrent une affluence exceptionnelle lors des prières nocturnes appelées Tarawih.
Le ministre de l’Intérieur a insisté sur deux événements en particulier, qui nécessiteront une attention renforcée :
- La Nuit du Destin (Laylat al-Qadr), prévue dans la nuit du 26 mars 2025, considérée comme la nuit la plus sacrée du Ramadan. Elle attire généralement des foules nombreuses dans les mosquées pour des prières prolongées jusqu’à l’aube.
- L’Aïd al-Fitr, célébré autour du 31 mars 2025, marquant la fin du Ramadan avec des prières matinales en extérieur et des festivités rassemblant des milliers de personnes.
Les forces de l’ordre seront donc mobilisées pour assurer la sécurité des lieux de culte et des espaces publics, en particulier aux abords des grandes mosquées de Paris, Lyon, Marseille, Lille et Toulouse où l’affluence est particulièrement forte. Le ministre a ainsi demandé aux préfets, aux forces de police et de gendarmerie de renforcer leur présence aux abords des mosquées, mais aussi d’assurer une surveillance accrue sur les réseaux sociaux, où certains discours haineux ou appels à la violence peuvent émerger à l’approche de périodes religieuses sensibles.
Ces mesures interviennent alors que la France reste sous le régime du plan Vigipirate, dont le niveau a été élevé à « urgence attentat » après plusieurs incidents ces derniers mois. Cette posture sécuritaire impose un déploiement visible des forces de l’ordre, notamment aux heures de forte affluence aux abords des lieux sensibles.
Au-delà de la question sécuritaire, le Ramadan 2025 en France se déroulera dans un climat social et politique particulier. La montée des tensions liées à des débats autour de la laïcité, de l’immigration et de l’identité nationale a parfois alimenté des crispations au sein de la société. Des voix s’élèvent régulièrement pour dénoncer une stigmatisation des pratiques musulmanes, tandis que d’autres appellent à une stricte application des lois républicaines dans l’espace public.
Malgré ces tensions, les associations musulmanes et les responsables religieux insistent sur la nécessité du dialogue et de l’apaisement. Nombre d’entre eux encouragent les fidèles à célébrer le Ramadan dans un esprit de partage et de respect mutuel, rappelant que ce mois sacré est avant tout une période de spiritualité, de solidarité et de bienveillance. « Nous appelons les musulmans à vivre leur foi avec sérénité et à faire preuve de vigilance face aux tentatives de provocation ou de division », a déclaré un responsable du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), réagissant aux annonces du ministère de l’Intérieur.
Dans les prochains jours, plusieurs municipalités ont prévu de mettre en place des espaces de dialogue interreligieux et des initiatives favorisant le vivre-ensemble, notamment à travers des Iftars solidaires organisés en partenariat avec des associations caritatives. Ces repas de rupture du jeûne, ouverts à tous, sont devenus au fil des ans un symbole fort de fraternité, attirant non seulement les fidèles musulmans, mais aussi des citoyens d’autres confessions venus partager un moment convivial.
D’ici là, la vigilance des autorités restera de mise, alors que les premiers jours du Ramadan s’annoncent chargés en termes d’organisation et de sécurité. L’objectif affiché par le gouvernement est clair : garantir la sécurité des croyants tout en préservant la liberté de culte. À l’approche du 1er mars, l’ensemble des services de l’État sont donc mobilisés pour assurer un déroulement serein du Ramadan 2025 en France.
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