Reconnaissance du Somaliland par Israel : l’Algérie réagit

documents MAE Attaf Barrot

L’Algérie a exprimé, samedi, une condamnation ferme et sans équivoque à la suite de la décision prise par les autorités de l’occupation israélienne de reconnaître le territoire du Somaliland. Cette position, rendue publique à travers un communiqué du ministère des Affaires étrangères, s’inscrit dans la continuité de la diplomatie algérienne, historiquement attachée au respect de la souveraineté des États, à l’intangibilité des frontières héritées de la décolonisation et aux principes fondateurs du droit international.

Dans son communiqué, l’Algérie qualifie cette reconnaissance d’illégale et estime qu’elle porte une atteinte grave à la souveraineté de la République fédérale de Somalie, à son unité ainsi qu’à son intégrité territoriale. Pour Alger, il ne s’agit pas d’un simple acte diplomatique isolé, mais d’une décision aux conséquences potentiellement lourdes pour l’équilibre régional. Les autorités algériennes considèrent en effet que cette initiative constitue une menace directe pour la paix, la sécurité et la stabilité dans la région de la Corne de l’Afrique, déjà fragilisée par de nombreux défis politiques, sécuritaires et humanitaires.

Le Somaliland, région située au nord de la Somalie, a proclamé unilatéralement son indépendance en 1991, sans jamais obtenir de reconnaissance internationale officielle. Depuis plus de trois décennies, la communauté internationale continue de considérer ce territoire comme faisant partie intégrante de la Somalie, conformément aux résolutions des Nations Unies et aux positions de l’Union africaine. En reconnaissant le Somaliland, l’entité sioniste rompt avec ce consensus et remet en cause des principes largement partagés au sein du système international et continental africain.

L’Algérie souligne que cette décision constitue une violation flagrante des principes consacrés par la Charte des Nations Unies, notamment ceux relatifs au respect de la souveraineté des États et à la non-ingérence dans leurs affaires intérieures. Elle rappelle également les fondements du système continental africain, hérités de l’Organisation de l’unité africaine et réaffirmés par l’Union africaine, en particulier le principe de l’intangibilité des frontières nationales. Ce principe, considéré comme un pilier essentiel pour la préservation de la paix et de la stabilité en Afrique, vise à éviter la multiplication des conflits territoriaux et des revendications séparatistes susceptibles de déstabiliser des régions entières.

Dans ce contexte, la position algérienne apparaît comme un soutien clair et assumé à la République fédérale de Somalie. Alger réaffirme son appui total et constant à Mogadiscio face à ce qu’elle décrit comme une menace directe, aux répercussions graves non seulement pour la Somalie elle-même, mais aussi pour l’ensemble de la Corne de l’Afrique. Cette région stratégique, située à la croisée de routes maritimes majeures, est déjà confrontée à des enjeux complexes liés à la sécurité, à la lutte contre le terrorisme, à la piraterie maritime et aux rivalités géopolitiques.

La réaction de l’Algérie s’inscrit également dans une lecture des dynamiques internationales actuelles. Pour Alger, toute reconnaissance unilatérale de territoires contestés en dehors des cadres multilatéraux et du droit international risque d’encourager d’autres démarches similaires ailleurs dans le monde, ouvrant la voie à une remise en cause généralisée des frontières reconnues et à une instabilité accrue. Cette préoccupation est particulièrement forte en Afrique, continent marqué par une histoire coloniale ayant laissé des frontières parfois fragiles, mais dont le maintien est considéré comme un moindre mal face aux risques de fragmentation.

Sur le plan diplomatique, cette prise de position renforce l’image de l’Algérie comme un acteur attaché aux causes africaines et aux principes du multilatéralisme. Le pays s’est souvent exprimé en faveur de solutions politiques respectueuses de la souveraineté des États et du rôle central des organisations régionales et internationales. En soutenant la Somalie, Alger réaffirme également son engagement en faveur de la solidarité africaine et de la défense des intérêts du continent sur la scène internationale.

Cette condamnation intervient dans un contexte où la diplomatie algérienne multiplie les prises de position sur des dossiers régionaux et internationaux sensibles. Elle reflète une volonté de cohérence entre les principes affichés et les positions adoptées, notamment en ce qui concerne le respect du droit international, la défense de l’unité territoriale des États et le rejet des politiques de fait accompli.