Réforme de l’AME : Bruno Retailleau veut « ébranler les certitudes et les conformismes »

AME loi immigration

Dimanche 19 janvier, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a annoncé son intention de réformer l’Aide médicale d’État (AME), un dispositif qui permet aux étrangers en situation irrégulière d’accéder à des soins médicaux. Selon lui, cette aide constitue un facteur favorisant l’immigration clandestine vers la France. Invité sur le plateau de BFMTV, le ministre a expliqué que les dispositifs sociaux français sont, selon lui, plus généreux que la moyenne européenne, ce qui inciterait les passeurs à orienter les migrants vers le territoire français.

L’AME, souvent au cœur des débats sur l’immigration, est pointée du doigt par Bruno Retailleau comme un outil qui, bien que basé sur des principes humanitaires, engendre des effets collatéraux non souhaités. Il s’appuie notamment sur un rapport publié en 2023, co-rédigé par Claude Évin et Patrick Stefanini, pour étayer son argumentaire. Bien que ce document souligne l’importance sanitaire de l’AME, le ministre insiste sur la nécessité de restreindre son champ d’application aux situations d’urgence uniquement. Cette réforme viserait à réduire ce qu’il considère comme des « appels d’air », tout en garantissant que les soins d’urgence restent disponibles. « On ne va pas laisser les gens mourir dans les rues, mais des efforts doivent être demandés aux étrangers en situation irrégulière », a-t-il affirmé.

Cette annonce intervient dans un contexte où la gestion des flux migratoires est de plus en plus scrutée. Bruno Retailleau souhaite aligner les politiques sociales françaises sur celles des autres pays européens, qu’il juge moins attractives pour les migrants. Il entend également réformer le droit du sol, une mesure hautement sensible qui pourrait avoir des répercussions importantes. À Mayotte, où une dérogation au droit du sol est en vigueur depuis 2018, un enfant né de parents étrangers n’acquiert la nationalité française que si l’un des parents réside régulièrement sur le territoire depuis au moins trois mois. Le ministre envisage d’étendre cette disposition à l’ensemble de la France, une proposition qui suscite déjà des débats.

Actuellement, la législation française permet aux enfants nés en France de parents étrangers d’acquérir la nationalité française sous certaines conditions. Ils doivent notamment avoir résidé en France pendant cinq ans après l’âge de 11 ans pour être éligibles. De plus, les enfants nés en France de parents inconnus ou apatrides obtiennent automatiquement la nationalité française. Cette réforme envisagée par Bruno Retailleau pourrait modifier en profondeur ces règles, rendant plus difficile l’obtention de la nationalité pour de nombreux enfants nés sur le sol français.

Face à ces annonces, les réactions ne se sont pas fait attendre. Si certains saluent une volonté de mieux encadrer l’immigration et de préserver les ressources de l’État, d’autres dénoncent une approche qu’ils jugent restrictive et contraire aux valeurs de solidarité. L’AME, malgré ses détracteurs, reste un dispositif essentiel pour des milliers de personnes vivant en situation précaire en France. Les associations humanitaires, qui plaident régulièrement pour une prise en charge médicale universelle, craignent que cette réforme ne laisse de nombreux individus sans accès aux soins.

Bruno Retailleau, conscient des critiques, affirme vouloir « ébranler les certitudes et les conformismes » pour mieux répondre aux enjeux actuels. Toutefois, il reste vague sur les modalités concrètes de ces réformes, laissant planer une incertitude sur leur mise en œuvre. L’opinion publique est divisée, et le débat promet d’être animé dans les semaines à venir, tant sur l’AME que sur le droit du sol.

Avec cette réforme, le gouvernement cherche à redéfinir les contours de la politique migratoire française, mais il devra jongler entre les impératifs budgétaires, les pressions internationales et les principes d’humanité. Si ces propositions venaient à être adoptées, elles marqueraient un tournant dans la manière dont la France aborde la question de l’immigration et de l’accès aux droits sociaux pour les étrangers en situation irrégulière. Pour l’instant, les regards restent tournés vers le ministre, qui devra défendre son projet face aux critiques et aux attentes d’une population française en quête de réponses sur un sujet aussi complexe qu’épineux.

Lire également :

Aéroport international d’Alger : « 99% des voyageurs ne savent pas que… »

Véhicules de moins de 3 ans en Algérie : ce qu’espère le gouvernement

C’est officiel, l’Algérie va lancer la production d’hélicoptères