Refoulé depuis l’aéroport de Paris, un Algérien condamné à Alger

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L’affaire d’un Algérien refoulé, depuis l’aéroport de Paris Orly vers celui d’Alger, a fait grand bruit dans les couloirs de la justice algérienne et soulève des questions majeures sur les réseaux de falsification de documents administratifs impliquant des jeunes candidats à l’émigration clandestine. Le 24 novembre 2024, à 19 heures, les services de la police des frontières à l’aéroport international Houari Boumédiène d’Alger ont reçu un passager refoulé par les autorités françaises. Accompagné de trois agents de la police hexagonale, K. Ramzi, un Algérien âgé de 26 ans, a été remis aux autorités locales après avoir été arrêté à l’aéroport de Paris pour usage d’une carte d’identité française falsifiée. Ce jeune homme, originaire de Jijel, n’était cependant pas un simple voyageur isolé : il était en réalité la clé d’entrée vers le démantèlement d’un réseau criminel bien structuré opérant entre Jijel et Alger.

Les investigations menées par les services compétents de lutte contre la fraude ont révélé une organisation minutieuse. K. Ramzi avait en sa possession deux billets d’avion : l’un pour Tunis, réservé auprès de Tunisair, l’autre pour Paris-Orly via Air France. Cette double réservation n’était pas fortuite. Elle faisait partie d’un plan mis en place par un individu surnommé « Yabanji », résidant à Bab Ezzouar. Les instructions données à Ramzi étaient précises : déposer la carte d’embarquement dans les toilettes situées près des comptoirs de la compagnie française. Après avoir franchi le contrôle des frontières à l’aide du billet à destination de Tunis, Ramzi a ensuite changé de vol et embarqué sur celui à destination de Paris. Une fois arrivé en France, il a présenté une fausse carte d’identité française, ce qui a conduit à sa rapide interpellation.

Lors de son audition en Algérie, K. Ramzi a avoué avoir acheté la carte d’identité française pour la somme de 3 000 euros. Une expertise a confirmé que le cachet apposé sur son billet d’avion — censé attester du contrôle par la police des frontières — était un faux. L’affaire a pris une nouvelle dimension lorsque les enquêteurs ont analysé les images de vidéosurveillance de l’aéroport. Elles montraient K. Ramzi entrant dans les toilettes en même temps qu’un autre individu. Ce dernier, identifié plus tard comme Z. Walid, a été décrit par Ramzi comme un employé de l’aéroport. Il aurait joué un rôle crucial dans la remise du billet falsifié comportant un faux cachet de sortie.

Les aveux du principal accusé ont également mené à l’arrestation de B. Kamal, un autre habitant de Jijel, qui lui aurait fourni les documents français falsifiés. Par ailleurs, les caméras ont révélé que la veille des faits, Ramzi s’était rendu à l’aéroport dans un véhicule conduit par B. Seif Eddine, le quatrième suspect, également originaire de Jijel. Ces éléments ont renforcé les soupçons de l’existence d’une cellule organisée ayant pour but de faciliter la sortie illégale du territoire national contre rémunération.

Le dossier, une fois bouclé, a été soumis au tribunal de Dar El Beïda, où les accusés ont été jugés. Le verdict a été sans équivoque pour l’Algérien refoulé de Paris vers Alger. K. Ramzi a été condamné, selon Ennahar, à deux ans de prison ferme et à une amende de 50 000 dinars algériens pour usage de faux documents, bien qu’il ait été acquitté du chef de falsification. Quant à B. Kamal et Z. Walid, considérés comme les principaux artisans de la fraude, ils ont écopé de quatre ans de prison ferme assortis chacun d’une amende de 100 000 dinars. B. Seif Eddine, en revanche, a été acquitté, le tribunal n’ayant pas retenu de preuves suffisantes pour l’impliquer formellement dans le stratagème.

L’affaire de l’Algérien expulsé de Paris vers Alger met en lumière la persistance de circuits parallèles d’émigration clandestine qui exploitent la vulnérabilité de certains jeunes désespérés de quitter le pays à tout prix. Elle illustre également l’importance du travail de coopération entre les polices internationales et les services de sécurité algériens, qui ont su démanteler un réseau structuré et limiter les dégâts d’un trafic aussi sensible que celui des documents d’identité. L’enquête, bien que clôturée pour ces quatre individus, pourrait encore se prolonger dans le but d’identifier d’éventuels complices et de prévenir d’autres tentatives de ce type à l’avenir.