Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé ce lundi 17 mars le déclenchement d’une « riposte graduée » en réponse au refus des autorités algériennes d’accepter une liste de ressortissants que la France souhaite expulser en Algérie. Cette décision, dévoilée lors d’un entretien accordé à BFMTV, marque un nouveau tournant dans les relations déjà tendues entre Paris et Alger.
Cette liste, composée de soixante individus considérés comme prioritaires en raison de leur profil jugé « dangereux », avait été soumise aux autorités algériennes dans le cadre de l’accord franco-algérien de 1994. Or, selon Bruno Retailleau, ce texte, censé faciliter les procédures de réadmission des ressortissants en situation irrégulière ou représentant une menace pour l’ordre public, n’est plus respecté par l’Algérie. « Nous déclencherons la riposte graduée, comme le comité interministériel présidé par le Premier ministre l’a décidé », a martelé le ministre, insistant sur la nécessité pour la France de faire respecter ses exigences en matière de contrôle migratoire.
Cette annonce intervient dans un climat diplomatique particulièrement délicat. Ces dernières années, les désaccords entre les deux pays se sont multipliés, notamment sur les questions migratoires, les visas et les questions mémorielles. Alger, de son côté, semble adopter une position de fermeté et refuse d’accéder aux demandes françaises, estimant que les procédures d’expulsion ne respectent pas toujours les principes de souveraineté nationale et les droits des personnes concernées.
Face à ce refus catégorique, la France pourrait envisager plusieurs mesures de rétorsion. Parmi les options évoquées, un durcissement des conditions d’obtention de visas pour les ressortissants algériens figure en bonne place. Une mesure similaire avait déjà été mise en place en 2021 sous le gouvernement précédent, réduisant drastiquement le nombre de visas accordés à l’Algérie, au Maroc et à la Tunisie. Une telle décision pourrait néanmoins avoir des répercussions économiques et sociales, en affectant notamment les échanges commerciaux et humains entre les deux rives de la Méditerranée.
Refus de la liste de Retailleau par l’Algérie : tous les détails
Il est à noter que, les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie connaissent un nouveau rebondissement après que le gouvernement algérien a officiellement rejeté la liste de ressortissants en situation irrégulière que Paris souhaitait expulser. Ce lundi, Lounès Magramane, Secrétaire Général du Ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, a reçu le Chargé d’Affaires de l’Ambassade de France en Algérie afin de lui transmettre la réponse officielle d’Alger sur ce dossier hautement sensible.
Cette rencontre fait suite à une première audience accordée au Chargé d’Affaires de l’Ambassade d’Algérie en France, qui avait déjà été informé du souhait des autorités françaises d’accélérer les expulsions. Cependant, la réaction d’Alger a été claire et sans ambiguïté : le refus de coopérer avec la méthode employée par la France. Dans un communiqué officiel, le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé des « menaces », des « injonctions » et un « langage comminatoire » jugés inacceptables.
Au cœur de la discorde, la procédure choisie par Paris pour transmettre cette liste de ressortissants. L’Algérie estime que la France ne peut pas décider unilatéralement des modalités de gestion des expulsions et qu’elle doit respecter les canaux traditionnels de communication établis depuis plusieurs décennies entre les préfectures françaises et les consulats algériens. Pour Alger, toute modification de ces procédures nécessite une concertation préalable et un respect des accords diplomatiques en vigueur.
Par ailleurs, le gouvernement algérien rappelle que le Protocole d’Accord de 1994 sur le retour des Algériens en situation irrégulière ne peut être appliqué sans tenir compte de la Convention de 1974 sur les relations consulaires. Cette dernière est perçue par Alger comme le cadre juridique de référence pour le traitement des dossiers de ressortissants en situation irrégulière. La mise en œuvre d’une expulsion ne doit pas se faire au détriment du respect des droits des personnes concernées. C’est sur ce point précis qu’Alger refuse toute forme de pression de la part des autorités françaises.
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