Relations France – Algérie : Macron attend la réponse de Tebboune

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Le retour de Boualem Sansal en France, annoncé ce mardi 18 novembre par son comité de soutien, marque l’un des épisodes diplomatiques les plus marquants de ces derniers mois entre Paris, Alger et Berlin. Une semaine après avoir quitté l’Algérie à la faveur d’une grâce présidentielle, l’écrivain franco-algérien a fait son retour à Paris, accueilli à l’Élysée par Emmanuel Macron, qui a salué un « moment d’émotion et de joie ». Ce geste humanitaire, rendu possible grâce à une médiation allemande décisive, intervient dans un contexte de relations particulièrement tendues entre la France et l’Algérie.

Libéré le 12 novembre après un an de détention en Algérie, Boualem Sansal avait immédiatement rejoint Berlin, où il avait été accueilli par l’ambassade de France. Le président allemand Frank-Walter Steinmeier avait joué un rôle majeur dans la demande de grâce présentée à son homologue algérien. De passage à Berlin ce mardi, Emmanuel Macron a ouvert son discours par un hommage appuyé aux efforts allemands : « Je souhaitais souhaiter la bienvenue en France à Boualem Sansal (…) Il est de retour, grâce à vous », a déclaré le président français, exprimant des remerciements chaleureux au chef de l’État allemand et au chancelier Olaf Scholz.

Quelques minutes plus tôt, l’Élysée avait confirmé avoir accueilli l’écrivain et son épouse. Dans un communiqué, la présidence française exprimait sa « profonde joie » devant sa libération et saluait « la dignité, la force morale et le courage » de l’auteur. Emmanuel Macron a également souligné que ce résultat est le fruit d’une méthode « faite de respect, de calme et d’exigence », rappelant que la diplomatie française travaille également à la libération de Christophe Gleizes, journaliste détenu en Algérie et qui doit être jugé en appel début décembre pour « apologie du terrorisme ».

La journée a été rythmée par les réactions officielles. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a rencontré Boualem Sansal après son passage à l’Élysée et s’est dit « immensément satisfait » de le savoir à nouveau sur le sol français. Le comité de soutien de l’écrivain, qui avait multiplié les appels internationaux ces derniers mois, a exprimé une « profonde émotion » dans un communiqué, salue un retour attendu, tout en appelant à maintenir la vigilance pour les autres détenus.

Cette libération retentissante s’inscrit dans un contexte diplomatique complexe. Depuis plusieurs mois, les échanges entre Paris et Alger sont particulièrement crispés, notamment sur les questions migratoires et sécuritaires. Emmanuel Macron s’est déclaré « disponible », encore une fois, pour un échange avec Abdelmadjid Tebboune lors du prochain sommet du G20 en Afrique du Sud, affirmant vouloir défendre une ligne « sérieuse, calme et exigeante ». Il a rappelé que son souhait est de « pouvoir avancer » sur les dossiers clés « économiques, sécuritaires et migratoires », soulignant que les équipes diplomatiques des deux pays travaillent déjà en ce sens.

La grâce accordée à Boualem Sansal est perçue comme un geste d’ouverture de la part du président algérien. Toutefois, les observateurs restent prudents quant à un éventuel « réchauffement » durable des relations. Des rumeurs avaient circulé autour du délai de retour de l’écrivain à Paris après son arrivée à Berlin, alimentant interrogations et spéculations. Ces doutes ont finalement été levés ce mardi, lorsque son comité a confirmé qu’il était de nouveau sur le territoire français.

Dans un message publié quelques jours plus tôt, et devenu depuis emblématique, l’écrivain lançait : « Bonjour la France, je reviens », exprimant son impatience de retrouver son pays d’adoption après une année d’incarcération pour des propos considérés par Alger comme une « atteinte à l’unité nationale ».