Renault de retour en Algérie ? Le verdict est tombé

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Le possible retour de Renault en Algérie suscitait de vives attentes, tant du côté des autorités que des consommateurs. Pourtant, malgré les efforts entrepris par Renault pour relancer l’activité de son usine d’Oran, l’espoir semble compromis pour le moment. Le verdict est tombé : Renault Algérie n’a pas obtenu l’accord des autorités pour relancer la production. Selon les informations rapportées ce jeudi 15 mai par Le Figaro, le comité technique relevant du ministère de l’Industrie a émis une notification défavorable à la demande d’agrément introduite par Renault en février dernier. Ce refus remet en question la stratégie de retour du constructeur automobile français en Algérie, une stratégie qui misait sur une reprise rapide après quatre années d’inactivité.

L’usine Renault à Oued Tlelat, inaugurée en 2014, représentait un symbole fort de coopération industrielle entre la France et l’Algérie. Elle avait connu une période florissante avant d’être mise à l’arrêt en 2020, à la suite de la suppression des avantages fiscaux liés à l’importation des kits SKD et CKD. Renault, dans l’espoir d’un retour en Algérie, avait pourtant multiplié les signaux positifs. En mai 2024, Rémi Houillons, directeur général de Renault Algérie Production, avait publiquement exprimé son optimisme. « Nous sommes prêts et impatients de pouvoir redémarrer », avait-il déclaré, rappelant les 15 milliards de dinars déjà investis dans l’usine et dans sa mise en conformité avec les exigences locales.

Mais malgré la volonté affichée par Renault, le retour en Algérie se heurte à des obstacles administratifs et politiques. D’après Michel Bisac, président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF), cité par Le Figaro, la notification négative était « argumentée » et Renault devra en tenir compte s’il souhaite soumettre un nouveau dossier. Il a également rappelé que le groupe avait déjà investi environ 120 millions d’euros dans le projet. Ce contexte, combiné à la rigidité actuelle des critères d’agrément, rend tout retour de Renault en Algérie particulièrement complexe, du moins à court terme.

La situation est d’autant plus tendue que l’usine de camions Volvo Group-Renault Trucks a, elle aussi, essuyé un refus similaire de la part du comité technique. Bien que Renault Trucks ne soit pas une entité française mais suédoise, selon Michel Bisac, elle n’a pas non plus échappé aux exigences strictes des autorités algériennes. Cela montre que le blocage actuel n’est pas exclusivement dirigé contre Renault, mais semble plutôt s’inscrire dans une politique industrielle plus rigoureuse ou dans un climat diplomatique particulièrement tendu.

Le retour de Renault en Algérie ne saurait donc être simplement une question de volonté industrielle ou d’investissement financier. À l’origine des blocages, le faible taux d’intégration locale atteint par Renault semble avoir été un facteur déterminant. L’ancien ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali, a souligné que Renault s’était engagé en 2014 à atteindre un taux de 30 % d’intégration locale après cinq ans. Or, selon ses calculs personnels réalisés en 2017, ce taux ne dépassait pas les 6,5 %, et les chiffres officiels en 2019 faisaient état d’un taux réel de 4,7 %. Des écarts qui ont visiblement pesé lourd dans la décision du comité technique.

Ce climat de méfiance se déroule sur fond de tension diplomatique croissante entre la France et l’Algérie. Depuis juillet 2024, les relations bilatérales sont en crise profonde, notamment en raison de la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cette crise politique n’est pas sans conséquence sur les échanges économiques. Selon les derniers chiffres, les exportations françaises vers l’Algérie ont chuté de 21 % au premier trimestre 2025, passant de 1,255 milliard à 992,5 millions d’euros. Les exportations algériennes vers la France ont, elles aussi, diminué de 3,9 %, tombant à 1,36 milliard d’euros. Ce recul dans les échanges renforce l’idée que le retour de Renault en Algérie n’est pas seulement suspendu à des critères industriels, mais aussi pris dans l’étau d’une relation diplomatique dégradée.

En définitive, le retour de Renault en Algérie reste suspendu à de nombreux facteurs, qu’ils soient techniques, économiques ou géopolitiques. Renault, malgré son investissement passé et sa volonté affichée, n’a pas obtenu le feu vert nécessaire pour redémarrer l’usine d’Oran. Le retour de Renault en Algérie devra attendre un changement d’attitude des autorités ou une amélioration du climat entre Alger et Paris. Pour l’heure, le verdict est sans appel.