Lors du vote sur la résolution 2768 concernant la sécurité en Mer Rouge, l’Algérie a choisi de s’abstenir, une décision qui a été expliquée par son représentant permanent auprès de l’ONU, Amar Bendjama. Cette abstention n’est pas le fruit d’une indifférence à la question de la sécurité maritime, mais plutôt une manifestation de préoccupations profondes liées à la mise en œuvre de la résolution 2722, adoptée en janvier 2024. Pour l’Algérie, cette résolution soulève des inquiétudes sur une interprétation potentiellement erronée du droit international, pouvant mener à des frappes sur des pays souverains comme le Yémen. La question de la souveraineté et du droit à la défense se trouve ainsi au cœur des préoccupations algériennes, qui souhaitent éviter toute interprétation abusive du droit international.
Le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2768, qui prolonge de six mois la demande faite au Secrétaire général de l’ONU pour lui présenter des rapports mensuels sur les attaques des Houthis contre des navires en Mer Rouge. Cette résolution vise principalement à renforcer la sécurité maritime dans la région, en assurant la liberté de navigation pour les navires marchands. Cependant, pour l’Algérie, cette prolongation d’un rapport mensuel sur les attaques ne doit pas occulter des éléments plus complexes de la situation régionale. Pour le représentant algérien, il est essentiel que le droit international soit scrupuleusement respecté et que les mesures prises pour garantir la sécurité maritime ne compromettent pas la souveraineté des États concernés.
Amar Bendjama a insisté sur le fait que l’Algérie ne s’oppose pas aux rapports mensuels du Secrétaire général ni à la condamnation des attaques des Houthis contre les navires, mais elle juge que la résolution 2768 ne prend pas suffisamment en compte les causes profondes des tensions en Mer Rouge. Selon lui, la situation à Gaza et la violence qui y sévit constituent des facteurs déclencheurs importants des tensions actuelles, tant en Mer Rouge qu’à l’échelle régionale. L’Algérie estime que la situation de Gaza doit être explicitement mentionnée dans la résolution comme un facteur fondamental contribuant aux instabilités dans la région.
Dans ce contexte, l’abstention de l’Algérie s’inscrit dans une logique de cohérence avec ses positions précédentes, notamment lors du vote des résolutions 2722 et 2739. Bien que l’Algérie reconnaisse l’importance de la sécurité maritime et de la liberté de navigation en Mer Rouge, elle appelle à une approche plus équilibrée et factuelle de la situation. Cette position est également en ligne avec le soutien que l’Algérie apporte à la pleine mise en œuvre du cessez-le-feu récemment conclu à Gaza, espérant que cela favorisera un meilleur accès à l’aide humanitaire pour la population palestinienne. La résolution de la crise à Gaza et un cessez-le-feu durable sont, selon l’Algérie, des prérequis essentiels pour stabiliser la région et éviter l’escalade de violences.
Le représentant algérien à l’ONU a réitéré son appel à la retenue et au dialogue pour prévenir toute aggravation de la situation au Yémen et dans la région. Il a souligné que seule une solution politique, conduite par les Yéménites eux-mêmes et encadrée par un processus de paix concerté, permettrait de garantir une paix régionale durable. L’Algérie a donc plaidé pour un règlement politique basé sur un dialogue inclusif, précisant que ce processus doit être dirigé par les acteurs yéménites, afin de s’assurer qu’il soit véritablement représentatif des aspirations de tous les peuples de la région.
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