La tension entre l’Algérie et la France vient de franchir un nouveau seuil après la décision du ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, d’autoriser un rassemblement de l’organisation séparatiste MAK à Paris. Cette manifestation, prévue, ce dimanche 20 avril, à Nation avec une marche vers Bastille, suscite de vives réactions à Alger, où l’on perçoit cet acte comme une provocation ouverte, ciblée et calculée. Le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, considéré comme une organisation terroriste par les autorités algériennes, dirigée par Ferhat Mhenni, est soupçonné de multiples agissements visant à porter atteinte à l’unité du pays, et ce à travers des discours séparatistes, des appels à l’insurrection, et des relations troubles avec des puissances étrangères.
Les autorités algériennes rappellent que de nombreux éléments de preuve ont déjà été transmis à leurs homologues français, démontrant sans équivoque le caractère violent, subversif et suprématiste de cette organisation. Malgré cela, la réponse française a été laconique, sinon inexistante, sur le plan judiciaire ou diplomatique. Pis encore, au lieu de prendre en compte les inquiétudes d’un pays ami, Bruno Retailleau a fait le choix d’ignorer les avertissements d’Alger, préférant accorder au MAK une tribune en plein cœur de la capitale française.
Cette décision devient d’autant plus incompréhensible – voire insultante – lorsqu’on se rappelle que ce même Bruno Retailleau avait récemment opposé un refus catégorique à une demande de rassemblement pacifique formulée par des ressortissants algériens et franco-algériens. Cette marche, prévue également à Nation, appelait simplement à l’apaisement et à un retour à des relations bilatérales saines entre les deux pays. Ce deux poids, deux mesures nourrit un ressentiment profond et une suspicion grandissante sur les réelles intentions de certains cercles au pouvoir en France.
Dans un contexte déjà fragilisé par les différends historiques et les crispations diplomatiques, la France semble multiplier les signaux contradictoires. Il y a quelques jours à peine, le Maroc, perçu par Alger comme le parrain financier et politique du MAK et du mouvement islamiste Rachad, a été reçu comme invité d’honneur au Salon du livre de Paris. Une décision assumée par la ministre de la Culture, Rachida Dati, franco-marocaine, et qui a vu le président Emmanuel Macron lui-même déclarer ouvertement son affection pour le royaume chérifien. Cette mise en scène, perçue à Alger comme une provocation déguisée, a été interprétée comme un nouveau geste de défiance à l’égard de l’Algérie.
Par ailleurs, des informations persistantes font état de démarches du Quai d’Orsay pour établir une représentation consulaire française dans les territoires occupés du Sahara Occidental, en faisant appel à une société privée. Une telle initiative, si elle se confirmait, reviendrait à reconnaître implicitement la souveraineté marocaine sur ces territoires, en contradiction avec les résolutions internationales et au mépris de la position algérienne.
Dans ce climat tendu, tout discours officiel sur une éventuelle réconciliation ou un apaisement entre Alger et Paris paraît désormais vain. Les gestes concrets contredisent les déclarations de bonnes intentions, et la diplomatie de façade ne suffit plus à masquer les véritables lignes de fracture. La politique actuelle menée par Retailleau, qu’on dit animé par des ambitions électorales démesurées, risque de précipiter la France dans un affrontement diplomatique majeur avec un partenaire stratégique. Loin d’être une posture, l’Algérie a déjà démontré par le passé qu’elle n’hésite pas à recourir à des mesures de réciprocité face aux actions jugées hostiles.
Dans les coulisses, certains diplomates français tirent déjà la sonnette d’alarme. Car derrière la question du MAK se joue un enjeu bien plus large : celui de la souveraineté, du respect mutuel et de la stabilité régionale. Le choix de Retailleau d’autoriser une organisation désignée comme terroriste par un État souverain à manifester dans la rue interroge sur les priorités actuelles de l’exécutif français. L’escalade paraît désormais inévitable, à moins d’un rétropédalage express, peu probable dans un contexte où la surenchère semble l’emporter sur la raison diplomatique.
Ainsi, l’affaire Retailleau MAK n’est pas un simple épisode passager. Elle cristallise une crise plus profonde, symptomatique des malentendus persistants entre la France et l’Algérie. Dans ce jeu d’équilibrisme diplomatique, c’est toute la relation bilatérale qui vacille, à mesure que s’éloigne l’hypothèse d’un dialogue franc, respectueux et durable entre les deux rives de la Méditerranée.
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