La question de la retraite en France, dont bénéficient de nombreux Algériens, prend un tournant inattendu en ce printemps 2025, alors que le gouvernement cherche désespérément à colmater les brèches d’un déficit public abyssal. Avec un trou budgétaire estimé à 5,8 % du PIB pour l’année 2024, l’exécutif semble prêt à faire feu de tout bois pour revenir à un équilibre jugé acceptable par Bruxelles. Objectif affiché : 4,6 % dès 2026 et un retour sous les 3 % d’ici à 2029. Une mission périlleuse qui fait désormais peser une lourde menace sur les retraités, y compris ceux d’origine étrangère résidant en France, comme les nombreux Algériens qui bénéficient aujourd’hui de dispositifs fiscaux favorables.
Le signal d’alerte a été donné le 13 avril dernier par Éric Lombard, ministre de l’Économie, sur le plateau de BFM Politique. L’homme de Bercy n’a pas mâché ses mots : pour atteindre les objectifs budgétaires fixés, un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros sera indispensable. Une somme vertigineuse, et surtout, une équation délicate à résoudre sans frapper directement les classes populaires ou les ménages modestes. D’où la décision de tourner le regard vers les retraités, et plus particulièrement vers certaines niches fiscales qui, jusqu’ici, semblaient gravées dans le marbre.
Pensions de retraite pour Algériens en France : l’abattement de 10% ciblé
Parmi ces avantages fiscaux dans le collimateur figure l’abattement de 10 % sur les revenus des retraités au titre des frais professionnels. Cet avantage, en vigueur depuis des décennies, permet à de nombreux retraités de rester en dehors du champ de l’imposition ou, du moins, d’en limiter l’impact. Or, cette niche pourrait bien disparaître. La ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a évoqué cette possibilité le 19 avril dans un entretien accordé au Parisien, expliquant que « l’on ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement ». Une déclaration qui a sonné comme un coup de tonnerre pour beaucoup de retraités, notamment les résidents étrangers, qui bénéficient de ce mécanisme au même titre que les citoyens français.
Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, est venue enfoncer le clou quelques jours plus tard. Invitée de la matinale de TF1 ce mercredi 23 avril, elle a affirmé sans détour que toutes les options étaient désormais sur la table. « Rien, absolument rien n’est écarté mais rien n’est décidé », a-t-elle martelé, en évoquant explicitement l’évaluation en cours de l’ensemble des niches fiscales. Selon ses propres mots, il s’agit d’un « moment de diagnostic » et les décisions définitives seront annoncées autour du 14 juillet, une date symbolique s’il en est.
Le cas des Algériens touchant une pension de retraite en France mérite une attention particulière dans ce contexte. Nombre d’entre eux, après une carrière souvent marquée par des métiers pénibles ou peu qualifiés, perçoivent des pensions modestes et comptent sur cet abattement pour alléger une fiscalité déjà pesante. Sa suppression pourrait faire basculer une partie de cette population dans l’imposition, alors même qu’ils vivent souvent avec des revenus à peine suffisants pour couvrir leurs besoins essentiels. Pour d’autres, elle entraînerait une augmentation notable du montant à régler chaque année au fisc, ce qui n’est pas sans conséquence sur leur quotidien.
Le gouvernement affirme vouloir procéder avec méthode, en évaluant le coût, le rendement et l’intérêt économique et social de chaque niche fiscale. Une démarche qui, selon certains observateurs, masque mal une volonté politique de faire porter l’effort budgétaire sur des catégories jugées plus « acceptables » politiquement, au détriment d’une réelle justice fiscale. Si la suppression de l’abattement fiscal venait à être actée, elle constituerait un tournant majeur dans la politique de retraite en France et risquerait d’alimenter un climat social déjà tendu.
En attendant les annonces prévues pour cet été, l’inquiétude monte parmi les retraités, les associations d’aide aux personnes âgées et les représentants des communautés étrangères installées de longue date dans l’Hexagone. Tous redoutent que les économies budgétaires se fassent une fois de plus au détriment des plus vulnérables. Quant aux retraités algériens, ils observent avec anxiété l’évolution du débat, conscients que leurs conditions de vie pourraient radicalement changer si la protection fiscale dont ils bénéficient venait à disparaître.
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