Le gouvernement français envisage de modifier les règles fiscales applicables aux retraités, une décision qui pourrait bouleverser les finances de millions de pensionnés, y compris des milliers d’Algériens résidant en France. Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics, a récemment évoqué cette possibilité en insistant sur la nécessité de réduire le déficit public. Selon elle, le gouvernement cherche à réformer les niches fiscales, y compris l’abattement fiscal dont bénéficient les retraités, dans le cadre du budget 2026. Ce changement viserait à alléger les dépenses publiques et à assurer une plus grande équité fiscale entre les différentes catégories de contribuables.
L’abattement fiscal des retraités, instauré en 1978, permet à ces derniers de bénéficier d’une réduction de 10% sur leurs revenus lors de la déclaration d’impôts. Cette mesure visait initialement à compenser la différence de charges professionnelles entre les actifs et les retraités, qui, eux, ne bénéficient plus de frais professionnels. Cependant, ce dispositif est aujourd’hui de plus en plus remis en question, notamment par des voix influentes comme celle de la ministre elle-même. Dans une interview accordée au journal Le Parisien, Amélie de Montchalin a estimé qu’il était « aberrant » de maintenir cette exonération pour les retraités alors que les actifs ne bénéficient pas de telles largesses fiscales. Elle a souligné que « ce n’est pas votre âge qui doit définir votre contribution » mais bien « les moyens dont vous disposez », ajoutant que le gouvernement ne pouvait indéfiniment compter sur les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement de la population.
Cette remise en cause du dispositif inquiète de nombreux retraités, notamment ceux dont les revenus sont modestes. Si l’abattement venait à être supprimé, cela entraînerait une augmentation de l’impôt pour une partie des 8,4 millions de retraités, dont beaucoup sont non-imposables à ce jour. Certains pourraient même se retrouver à devoir payer des impôts, alors qu’ils en étaient auparavant exemptés. D’autres retraités, déjà imposés, verraient leur fiscalité augmenter, ce qui, pour eux, représenterait un double fardeau, d’autant plus que de nombreux retraités n’ont que leurs pensions pour vivre.
Les critiques de cette mesure ne viennent pas uniquement des retraités. Des figures politiques et patronales se sont également élevées contre la suppression de cet abattement. Le président du Medef, Patrick Martin, a qualifié cette exonération fiscale de « contre-nature » et d’« aberrante », soulignant que cela représentait un coût annuel de 4,5 milliards d’euros pour l’État. De son côté, le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, a également exprimé son soutien à cette suppression, arguant que la situation des retraités avait changé depuis l’instauration de cette mesure et qu’il était désormais nécessaire d’adapter la fiscalité en conséquence.
Cependant, pour les associations représentant les retraités, la suppression de l’abattement fiscal n’est pas qu’une question d’équité. L’UNSA-Retraités a exprimé sa préoccupation dans un communiqué, soulignant que l’abattement de 10% appliqué aux retraités n’avait rien à voir avec la déduction fiscale pour frais professionnels dont bénéficient les actifs. Selon cette organisation, la suppression de cet abattement augmenterait considérablement la contribution fiscale de 8,4 millions de retraités, dont une grande partie ne dispose pas de revenus élevés. Ces retraités, qui comptent souvent sur leur pension pour subvenir à leurs besoins quotidiens, se retrouveraient alors dans une situation financière encore plus précaire.
Ce débat sur l’abattement fiscal soulève également des préoccupations spécifiques pour la communauté algérienne en France, qui compte un nombre important de retraités. Nombre d’entre eux, ayant travaillé en France pendant de nombreuses années, vivent avec des pensions relativement modestes et bénéficient de cet abattement pour alléger leur charge fiscale. Une suppression de cette mesure pourrait donc avoir des conséquences dramatiques pour ces retraités, qui risqueraient de voir leur niveau de vie encore plus affecté. D’autant plus que de nombreux retraités algériens sont déjà confrontés à des défis économiques liés à leur statut de pensionnés en France.
Dans ce contexte, la décision d’amputer les avantages fiscaux des retraités, y compris les Algériens de France, pourrait devenir un point de friction majeur lors des négociations à venir sur la réforme fiscale. Alors que le gouvernement justifie cette réforme par la nécessité de réduire un déficit public en hausse, la question de l’équité fiscale pour les retraités demeure un sujet sensible, notamment pour ceux dont les revenus sont déjà faibles. Dans les mois à venir, cette question pourrait donner lieu à des débats houleux entre les différents acteurs politiques et sociaux, chacun ayant ses propres intérêts à défendre dans cette réforme fiscale.
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