L’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite, dont bénéficient l’ensemble des retraités en France, y compris les retraités algériens, est aujourd’hui au centre d’un débat qui suscite de vives réactions. Sept syndicats ont pris la parole pour dénoncer une possible suppression de cette mesure, alertant sur les conséquences financières qu’une telle décision pourrait engendrer pour des milliers de retraités, notamment ceux aux revenus modestes. Selon eux, cette réforme entraînerait une augmentation significative du taux d’imposition et pourrait même rendre imposables des personnes qui ne l’étaient pas jusqu’à présent.
Parmi les organisations en colère figurent la CGT, FO, la CFTC, la FSU, Solidaires, la Fédération générale des retraités de la fonction publique (FGR-FP) et le collectif Ensemble et Solidaires. Elles estiment que cet abattement ne devrait pas être remis en cause, car il ne constitue pas une niche fiscale mais bien une compensation pour garantir une forme d’équité entre les actifs et les retraités. En effet, contrairement aux salariés qui peuvent déduire des frais professionnels réels, les retraités ne disposent d’aucune marge de manœuvre fiscale équivalente. Le site officiel des impôts précise que cette déduction est plafonnée à 4 321 euros pour l’année 2023, un montant qui peut jouer un rôle clé dans le calcul du revenu imposable des retraités concernés.
Cette suppression, si elle était confirmée, aurait pour but de contribuer à l’équilibre des régimes de retraite. Cependant, les syndicats dénoncent une approche jugée injuste et déséquilibrée. Ils rappellent que les retraités, y compris de très nombreux Algériens résidant en France, touchant moins de 3 600 euros par mois seraient particulièrement affectés par cette mesure, qui pourrait engendrer une hausse non négligeable du montant de l’impôt sur le revenu. De plus, certains retraités qui, jusqu’à présent, n’étaient pas imposables, pourraient se retrouver à devoir payer des impôts pour la première fois, ce qui constitue une inquiétude majeure pour les syndicats mobilisés contre cette réforme.
D’un point de vue économique, cette suppression pourrait rapporter près de 4 milliards d’euros par an à l’État, selon les estimations du Conseil d’orientation des retraites. En janvier dernier, son président, Gilbert Cette, déclarait dans les colonnes du journal Les Échos que cette mesure serait « forte et équitable », car elle n’affecterait pas les retraités les plus modestes. Cette analyse est toutefois loin de convaincre les syndicats, qui estiment que cette réforme ne ferait qu’aggraver la pression fiscale sur les classes moyennes et inférieures, tout en épargnant les plus hauts revenus.
Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, a également pris la parole sur ce sujet en janvier dernier. Dans une interview accordée au journal La Tribune Dimanche, elle a affirmé qu’il était nécessaire d’instaurer un « partage des efforts » entre les actifs et les retraités. Elle reconnaît que la question de l’abattement fiscal mérite d’être étudiée, mais sans qu’il soit question de précipiter une réforme qui pourrait fragiliser une partie des retraités.
Les syndicats dénoncent aussi une tentative du gouvernement de diviser l’opinion publique en stigmatisant tour à tour différents groupes sociaux. Selon eux, l’exécutif met régulièrement en avant les retraités, les chômeurs, les travailleurs immigrés ou encore les fonctionnaires, tout en maintenant une politique fiscale favorable aux contribuables les plus aisés. Cette critique vise à souligner une approche jugée inéquitable de la réforme fiscale en cours.
L’avenir de cet abattement fiscal reste incertain. Si le gouvernement décide d’aller de l’avant avec cette mesure, il pourrait faire face à une opposition massive de la part des syndicats et des associations de défense des retraités. Les prochains mois seront déterminants pour savoir si cette réforme sera réellement mise en place et quels seront ses impacts concrets sur les retraités, y compris ceux d’origine algérienne vivant en France. D’ici là, les débats risquent de s’intensifier, avec des revendications de plus en plus fortes en faveur d’une fiscalité jugée plus juste et équitable.
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