Dans un climat politique déjà tendu avec l’Algérie, le président Emmanuel Macron a tenu à recadrer son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau de manière implicite, en qualifiant de « ridicule » la stratégie d’escalade verbale avec Alger. Cette déclaration, faite depuis Porto, intervient alors que les relations franco-algériennes traversent une nouvelle zone de turbulences, notamment sur la question de l’immigration et du refus d’Alger de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière.
Le chef de l’État a insisté sur l’importance d’un dialogue direct entre les gouvernements et non par le biais des médias. « Nous n’avancerons pas s’il n’y a pas un travail, on ne peut pas se parler par voie de presse, c’est ridicule, ça ne marche jamais comme cela », a-t-il déclaré. Une pique évidente envers son ministre, qui multiplie les sorties médiatiques en dénonçant le manque de coopération de l’Algérie. Macron souhaite réengager « un travail de fond » sur les accords migratoires, sans pour autant céder à la pression de l’extrême droite et de certains membres de son propre camp qui appellent à des mesures plus radicales.
L’attentat de Mulhouse, survenu le 22 février et impliquant un ressortissant algérien en situation irrégulière, a cristallisé les tensions. Cet événement a ravivé le débat sur l’application des accords de 1994, censés garantir la reprise automatique des ressortissants expulsés. Si Macron reconnaît que « rien ne peut prévaloir sur la sécurité de nos compatriotes », il refuse toutefois d’en faire un casus belli diplomatique. Une position qui contraste avec celle de Retailleau, lequel a fait de ce sujet un cheval de bataille politique.
La question de la dénonciation des accords de 1968, qui accordent un statut migratoire privilégié aux Algériens en France, est également au cœur des débats. Plusieurs voix, y compris celle du Premier ministre François Bayrou, ont suggéré une possible remise en cause de ces accords si aucune avancée n’était constatée sous un mois à six semaines. Macron, lui, exclut toute dénonciation unilatérale, affirmant que « ça n’a aucun sens ».
En parallèle, la situation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, détenu depuis novembre, constitue un autre point de friction entre Paris et Alger. Accusé d’atteinte à l’intégrité territoriale de l’Algérie après des propos tenus en France, il est devenu un symbole de la crispation actuelle. Macron a exprimé ses préoccupations face à cette détention qu’il qualifie d' »arbitraire » et a appelé à sa libération comme « un des éléments qu’il faut régler pour que la confiance soit pleinement rétablie » entre les deux pays.
Face à cette crise l’Algérie avec , Emmanuel Macron mise sur la diplomatie et le dialogue direct avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier, après avoir dénoncé le « climat délétère » entre les deux nations, a lui aussi appelé à une reprise du dialogue. « J’ai bien entendu les mots du président Tebboune », a-t-il déclaré. La relation franco-algérienne, marquée par des hauts et des bas depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, traverse une nouvelle épreuve dont l’issue dépendra de la capacité des deux gouvernements à dépasser les querelles politiciennes.
Alors que la pression monte, l’Élysée cherche à éviter une rupture définitive tout en maintenant une fermeté sur les questions de sécurité et de coopération migratoire. La stratégie de Macron vise à apaiser les tensions avec l’Algérie sans céder aux surenchères, une posture délicate dans un contexte où chaque mot peut raviver les braises du passé colonial. Reste à voir si cette approche portera ses fruits ou si elle sera perçue comme un signe de faiblesse par les partisans d’une ligne plus dure.
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