Robert Ménard : « Oran, c’est chez moi. Les Algériens, ils peuvent dire ce qu’ils veulent, ça reste chez moi »

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Une nouvelle controverse a éclaté en France et en Algérie après une déclaration pour le moins provocatrice de Robert Ménard, maire de Béziers né en Algérie, au sujet de la ville d’Oran. « Oran, c’est chez moi. Les Algériens, ils peuvent dire ce qu’ils veulent, ça reste chez moi », a affirmé l’élu français d’extrême droite, des propos qui ont immédiatement suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux et au sein de plusieurs cercles politiques et associatifs.

Cette sortie verbale, largement relayée en ligne, a été perçue par de nombreux observateurs comme une référence explicite à la période coloniale et comme une négation symbolique de la souveraineté algérienne. Oran, grande métropole de l’ouest algérien, occupe une place particulière dans l’histoire commune des deux pays. Ville marquée par une forte présence européenne avant l’indépendance de l’Algérie en 1962, elle reste aujourd’hui un symbole fort de l’identité nationale algérienne et de la mémoire de la colonisation.

Pour une large partie de l’opinion algérienne, les propos de Robert Ménard s’inscrivent dans une logique nostalgique et révisionniste, rappelant un passé douloureux fait de domination, de dépossession et de violences. Toute tentative d’appropriation symbolique de territoires algériens est perçue comme une atteinte directe à l’histoire du pays et aux sacrifices consentis pour l’indépendance.

Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été immédiates et massives. De nombreux internautes algériens et franco-algériens ont dénoncé des propos jugés « méprisants », « irrespectueux » et « déconnectés de la réalité historique ». Certains ont rappelé que l’Algérie est un État souverain depuis plus de six décennies et que de telles déclarations participent à entretenir une vision coloniale dépassée, incompatible avec les exigences d’un dialogue apaisé entre les peuples.

Plusieurs voix ont également souligné que ce type de discours contribue à fragiliser les relations déjà complexes entre Alger et Paris. Les questions mémorielles restent en effet l’un des principaux points de friction entre les deux pays, malgré les tentatives récentes de rapprochement diplomatique et les appels à une reconnaissance lucide des crimes et des responsabilités liés à la colonisation.

Dans le paysage politique français, la déclaration de Robert Ménard n’a pas manqué de susciter des critiques. Certains responsables politiques et analystes estiment que ces propos relèvent davantage d’une stratégie de provocation destinée à flatter une frange de l’électorat nostalgique de l’Algérie française, plutôt que d’une réflexion constructive sur l’histoire partagée. Ils dénoncent une instrumentalisation de la mémoire coloniale à des fins politiques internes, au détriment du respect des peuples et de la vérité historique.

Des associations engagées dans le travail de mémoire ont également réagi, rappelant l’importance de reconnaître les souffrances subies par les Algériens durant la colonisation et de promouvoir un discours responsable, fondé sur la reconnaissance mutuelle et le respect. Selon elles, les déclarations comme celles de Robert Ménard ne font que raviver des blessures encore ouvertes et compliquer les efforts de réconciliation mémorielle.

Cette polémique intervient dans un contexte diplomatique sensible, où chaque mot prononcé par des responsables publics est scruté de part et d’autre de la Méditerranée. Elle illustre, une fois de plus, la persistance de fractures mémorielles profondes et la difficulté pour certains acteurs politiques français de rompre définitivement avec un imaginaire colonial qui continue de hanter le débat public.

En Algérie, beaucoup voient dans cet épisode la preuve que le travail de mémoire reste inachevé et que la vigilance demeure nécessaire face à toute tentative de banalisation ou de réécriture de l’histoire. Pour eux, Oran, comme l’ensemble du territoire algérien, appartient avant tout à son peuple, à son histoire et à sa souveraineté, loin de toute nostalgie ou revendication symbolique héritée du passé colonial.