La France fait face à une recrudescence sans précédent des fraudes aux prestations sociales, notamment celles liées au RSA, le revenu de solidarité active, que touchent de nombreux Algériens établis dans l’Hexagone. Parmi les cas récemment dévoilés, un nombre croissant d’Algériens de France sont pointés du doigt, à la suite de contrôles renforcés par la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF). L’année 2024 enregistre une hausse de 20 % des fraudes par rapport à l’année précédente, avec un montant global de 450 millions d’euros détournés. Ces chiffres, avancés par Nicolas Grivel, président de la CNAF, révèlent l’ampleur du phénomène et suscitent une mobilisation accrue des services de contrôle, qui croisent désormais les données issues de diverses administrations françaises.
Dans ce contexte, certains Algériens vivant en France et déclarant percevoir le RSA ont été démasqués pour avoir dissimulé des revenus non déclarés. Les témoignages se multiplient, notamment celui de David, conseiller bancaire dans les Bouches-du-Rhône, qui a confié à RMC constater au quotidien des cas d’incohérences bancaires flagrantes. Selon lui, plusieurs clients perçoivent le RSA tout en effectuant des dépôts en espèces réguliers ou en encaissant des chèques mensuels. Ces opérations, qui n’échappent pas à l’œil averti des conseillers bancaires, soulignent une faille dans le système de vérification, exploitée par des individus qui résident en France, bénéficient du RSA, mais dissimulent des sources de revenus parfois significatives.
David précise que certains couples, dont une partie est d’origine algérienne, se déclarent séparés pour permettre à la conjointe de toucher les aides réservées aux mères isolées. Cette manœuvre permet non seulement de cumuler plusieurs types d’allocations, mais aussi d’échapper à certains plafonds de ressources. D’autres, toujours bénéficiaires du RSA, transfèrent en fin d’année des montants importants – parfois 30 000 à 40 000 euros – vers les comptes d’enfants ou de tiers, afin d’éviter de déclarer ce patrimoine financier. Cette pratique, courante chez certains fraudeurs, leur permet de maintenir leur droit au RSA tout en conservant un patrimoine caché.
Le croisement des fichiers entre la CNAF, France Travail, l’Urssaf, le fisc et d’autres organismes permet désormais de détecter plus efficacement les incohérences. Grâce à près de 3 millions de contrôles réalisés, l’administration parvient à récupérer près de 80 % des montants frauduleusement perçus. Dans les cas les plus graves, des sanctions pénales sont prononcées. Les Algériens de France mis en cause dans ces affaires de RSA ne sont pas tous isolés : certains agissent de manière coordonnée, avec des stratagèmes bien rodés. Pour l’administration, il devient impératif de renforcer les contrôles automatisés et les sanctions, car les cas se multiplient.
La France, qui distribue chaque année près de 100 milliards d’euros de prestations sociales, voit environ 3 % de cette somme partir dans des fraudes. Le RSA, bien qu’étant une aide destinée aux personnes sans ressources, devient dans certains cas un levier de revenus illégitimes. Des Algériens vivant en France profitent parfois des failles du système pour accumuler des montants tout en conservant un statut administratif éligible. Ce phénomène alimente le débat sur le contrôle du versement des aides, mais aussi sur la transparence financière des bénéficiaires. Des voix s’élèvent pour lever le secret bancaire dans les cas de suspicion de fraude au RSA, notamment lorsque les dépôts en espèces ou les virements récurrents éveillent des soupçons.
À travers cette lutte contre la fraude, la France tente de préserver l’intégrité de son système de solidarité. Les Algériens de France, comme tous les résidents, sont concernés par ces vérifications qui ne visent pas une origine particulière, mais les abus, quelle que soit leur provenance. Toutefois, la répétition des cas pose un véritable défi à l’administration, qui doit jongler entre protection sociale et rigueur financière. Les cas de fraude ne cessent d’émerger, alimentés par une organisation de plus en plus complexe, que les autorités s’emploient à démanteler.