Le conflit autour du Sahara occidental, qui oppose depuis des décennies le Maroc et le Front Polisario soutenant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, vient de prendre un nouveau tournant à l’ONU. Lors de la 4ème commission de l’Assemblée générale des Nations unies, une résolution historique a été adoptée, réaffirmant ce droit inaliénable à l’autodétermination pour le peuple sahraoui. Ce qui surprend, c’est l’absence totale d’opposition du Maroc et des pays qui soutiennent habituellement sa position, marquant une cinglante défaite diplomatique pour Rabat.
La résolution, adoptée par consensus, reflète une situation paradoxale pour la diplomatie marocaine. D’un côté, le Maroc réagit violemment lorsque des pays comme l’Algérie défendent le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, en dénonçant ce qu’il perçoit comme une ingérence dans ses affaires. De l’autre, lors d’une instance internationale cruciale comme l’Assemblée générale de l’ONU, le royaume s’abstient de toute contestation. Ce double discours a été pointé par plusieurs observateurs, y compris l’agence officielle APS, qui évoque une « schizophrénie » dans la manière dont le Maroc aborde la question sahraouie sur la scène internationale.
L’adoption par consensus signifie que l’ensemble des pays présents, y compris ceux traditionnellement alignés sur la position marocaine, ont validé la résolution. C’est un fait marquant, d’autant plus que ce texte réaffirme, une nouvelle fois, les principes fondateurs de l’autodétermination, consacrés dans la Charte des Nations unies.
Un contexte juridique renforçant le droit sahraoui
Cette décision de l’ONU ne survient pas dans un vide. Elle fait écho à un autre développement majeur dans la cause sahraouie : la décision récente de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Cette dernière a également pris position en faveur du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, invalidant de facto les accords commerciaux conclus entre l’UE et le Maroc incluant les ressources naturelles du Sahara occidental. Cette jurisprudence renforce les bases légales de la cause sahraouie et isole davantage le Maroc sur la scène internationale.
Ces développements indiquent clairement que la communauté internationale, tant au niveau de l’ONU qu’en Europe, est de plus en plus favorable à une solution fondée sur le respect des droits des Sahraouis. La fin de la colonisation du Sahara occidental semble ainsi se rapprocher, malgré les obstacles diplomatiques que le Maroc tente encore de dresser.
Le contenu de la résolution : un droit inaliénable à l’autodétermination
La résolution adoptée consacre de manière explicite « le droit inaliénable de tous les peuples à l’autodétermination et à l’indépendance », en faisant référence à la Charte des Nations unies et à sa résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960. Ce texte historique, qui porte sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples sous domination coloniale, est une référence incontournable dans les débats sur le Sahara occidental. Il réaffirme la responsabilité de l’ONU à l’égard du peuple sahraoui, une position qui a été constamment soutenue par le Comité spécial de décolonisation de l’organisation.
En outre, la résolution met en avant les efforts du Secrétaire général des Nations unies et de son envoyé personnel pour trouver une solution politique mutuellement acceptable. Cette solution doit inclure une consultation authentique du peuple sahraoui, afin qu’il puisse exprimer son droit à l’autodétermination dans des conditions libres et équitables.
Un désaveu cinglant pour le Maroc
L’adoption, une nouvelle fois, de cette résolution à l’Assemblée générale de l’ONU est un camouflet pour le Maroc. La communauté internationale semble unanime à soutenir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, alors que Rabat tente inlassablement de promouvoir son plan d’autonomie sous souveraineté marocaine. Cette proposition, bien que soutenue par certains alliés du Maroc, ne trouve plus un écho aussi fort dans les instances internationales, où la légitimité du processus d’autodétermination est clairement réaffirmée.
L’évolution récente des discussions autour du Sahara occidental semble donc mettre le Maroc dans une position de plus en plus inconfortable. Incapable de contester ouvertement la résolution adoptée à l’ONU, et face à la pression croissante des instances judiciaires européennes, Rabat doit revoir sa stratégie diplomatique. L’échec à faire valoir sa position à l’ONU pourrait en effet affaiblir la légitimité de son contrôle sur le territoire, surtout à un moment où la question sahraouie regagne en visibilité à l’échelle internationale.
Un avenir prometteur pour la cause sahraouie
L’adoption de cette résolution ouvre donc une nouvelle ère pour la cause sahraouie. Avec le soutien croissant de la communauté internationale et des avancées sur le plan juridique, le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui est de plus en plus reconnu. Ce qui autrefois semblait être un conflit gelé se réchauffe progressivement, avec des perspectives de résolution qui apparaissent plus claires.
Pour le peuple sahraoui, il s’agit d’un pas de plus vers la reconnaissance pleine et entière de son droit à disposer de son avenir. Quant au Maroc, ce revers diplomatique devrait l’inciter à adopter une approche plus ouverte et inclusive, en acceptant un dialogue authentique qui prenne en compte les aspirations légitimes du peuple sahraoui.
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