Sahara Occidental : Google met les choses au clair avec le Maroc

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Une récente polémique sur les réseaux sociaux a pris de l’ampleur au Maroc et en Algérie, après que certains internautes ont affirmé que Google Maps aurait supprimé la ligne représentant la séparation entre le Maroc et le Sahara occidental. Mardi 11 novembre 2025, le géant américain a démenti ces accusations, précisant que les pointillés n’avaient en réalité jamais été visibles pour les utilisateurs situés au Maroc. Cette déclaration intervient quelques heures après que le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé pour la première fois son soutien au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental.

Selon Google, aucune modification n’a été effectuée sur son logiciel de cartographie, d’itinéraire ou de géolocalisation concernant cette région disputée. Une porte-parole du groupe a insisté sur le fait que les cartes affichent des pointillés représentant le Sahara occidental pour les utilisateurs situés hors du Maroc, tandis que ceux se trouvant au Maroc ne les voient pas, conformément à la réglementation interne de l’entreprise concernant les territoires contestés. Cette distinction reflète une logique de cartographie dite « sur mesure », adaptée à la perception locale et aux contraintes politiques régionales.

Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole jusqu’en 1975, est majoritairement contrôlé par le Maroc mais reconnu par les Nations unies comme un territoire « non autonome ». Depuis plus d’un demi-siècle, le conflit oppose Rabat aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger. Jusqu’à présent, le Conseil de sécurité de l’ONU exhortait le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie à reprendre les négociations interrompues depuis 2019 pour parvenir à une solution politique durable et mutuellement acceptable.

La résolution adoptée récemment par 11 voix pour, zéro contre et trois abstentions, dont l’Algérie qui a refusé de participer au vote, prend position pour le plan marocain d’autonomie présenté en 2007. Ce plan prévoit une autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, un territoire vaste et désertique, riche en phosphates et doté d’eaux poissonneuses stratégiques. La prise de position de l’ONU marque une étape significative dans un conflit longtemps figé, mais la question de la représentation cartographique continue de susciter des réactions passionnées, notamment sur les réseaux sociaux où la polémique a démarré.

Les médias locaux ont rapidement relayé l’information, présentant l’absence de la ligne comme le résultat d’une modification récente effectuée par Google. L’entreprise, cependant, précise que cette perception est erronée et que la carte proposée aux utilisateurs marocains ne diffère pas d’une décision politique récente mais d’un paramétrage ancien. Cette clarification intervient dans un contexte où la cartographie numérique devient un outil sensible, capable d’influencer l’opinion publique et de générer des tensions diplomatiques, surtout dans des zones où la souveraineté est contestée.

Le différend autour de la cartographie illustre aussi l’interconnexion entre technologie et diplomatie. Les cartes numériques, utilisées quotidiennement par des millions d’internautes, doivent intégrer des réalités géopolitiques complexes. Google Maps, dans ce cas précis, applique une logique de représentation différenciée en fonction du lieu de connexion, reflétant à la fois des contraintes techniques et un respect des règlements internationaux concernant les territoires contestés. Cette approche montre comment la cartographie peut devenir un espace de négociation implicite, où les utilisateurs voient des informations différentes selon leur pays d’accès.

En conclusion, la controverse sur la représentation du Sahara occidental sur Google Maps met en évidence les enjeux stratégiques et symboliques de la cartographie moderne. Si les pointillés ont toujours été invisibles pour les utilisateurs marocains, la perception d’une modification récente révèle à quel point la cartographie digitale est devenue un terrain sensible, capable de déclencher des débats internationaux et de mobiliser l’attention des États, des citoyens et des médias sur des questions de souveraineté et de reconnaissance territoriale.