Le tribunal financier et économique de Sidi M’Hamed à Alger a rendu un verdict lourd de conséquences ce lundi, dans une affaire de corruption électorale de grande ampleur. Au cœur de ce scandale, Saida Neghza a été condamnée à dix ans de prison ferme. Cette peine s’accompagne d’une amende d’un million de dinars. La justice algérienne a jugé Saida Neghza coupable, aux côtés de deux autres candidats aux prochaines élections présidentielles prévues pour le 7 septembre 2024. Il s’agit de Belkacem Salhi, président de l’Alliance Nationale Républicaine (ANR), et d’Abdelhakim Hamadi.
Les charges retenues contre Saida Neghza sont graves. Elle est accusée d’avoir participé activement à une opération visant l’achat de signatures, indispensable pour valider les candidatures à l’élection présidentielle. La pratique illégale consistait à offrir des sommes d’argent allant de 2 000 à 5 000 dinars algériens à des citoyens en échange de leur signature sur les formulaires de candidature. Saida Neghza a été jugée pour corruption, octroi d’avantages indus, abus de pouvoir, et promesse de dons en espèces dans le but d’obtenir le soutien électoral nécessaire.
La condamnation de Saida Neghza ne s’est pas arrêtée à sa personne. Ses enfants ont également été jugés dans le cadre du même dossier. Le tribunal a prononcé des peines allant de six à huit ans de prison ferme à leur encontre. L’implication familiale dans ce réseau de corruption démontre, selon le parquet, une structuration volontaire et méthodique des manœuvres frauduleuses.
Parallèlement à la condamnation de Saida Neghza, plusieurs autres accusés ont été entendus dans le même dossier. Il s’agit d’élus locaux et de membres des assemblées populaires communales, principalement issus des wilayas de Blida et Tizi Ouzou. Leurs peines varient entre l’acquittement pour certains et jusqu’à huit ans de prison ferme pour d’autres, assorties également d’amendes d’un million de dinars. Le tribunal a jugé que ces personnes avaient contribué à l’organisation et à l’exécution de la fraude électorale, souvent en servant d’intermédiaires pour la collecte de signatures achetées.
Cette affaire touche au cœur du processus démocratique, et le ministère public a insisté sur la nécessité de protéger l’intégrité du scrutin présidentiel. Le nombre total des personnes poursuivies dans ce dossier s’élève à plus de 80. La manipulation des formulaires de candidature constitue, selon les autorités judiciaires, une menace directe à la transparence du processus électoral, et les peines prononcées visent à dissuader toute tentative similaire à l’avenir.
Le dossier a révélé une organisation bien structurée dans laquelle Saida Neghza aurait joué un rôle clé, en coordination avec d’autres candidats. Les procureurs ont insisté sur le fait que l’objectif n’était pas seulement l’achat de voix, mais bien une stratégie planifiée visant à dévoyer le processus démocratique à travers la fraude systématique.
Pour rappel, en août 2024, le parquet avait révélé que plus de 50 élus entendus au cours de l’enquête avaient admis avoir perçu des sommes comprises entre 20 000 et 30 000 dinars en échange de leur parrainage à des candidats à la présidentielle. Il a également été précisé que dix intermédiaires, chargés de rassembler les fonds et de les transmettre aux élus concernés, avaient également été auditionnés. Pour valider leur candidature, les postulants devaient fournir soit un minimum de 600 parrainages d’élus issus de 29 wilayas différentes, soit au moins 50 000 signatures de citoyens inscrits, avec une exigence d’au moins 1 200 signatures par wilaya.