Les services des douanes ont frappé fort ce dimanche en mettant la main sur une cargaison massive de bananes en Algérie : pas moins de 800 000 kilogrammes, soigneusement empaquetés dans 34 conteneurs, ont été saisis au port d’Annaba. Cette opération d’envergure s’inscrit dans la lutte continue contre la contrebande et les irrégularités commerciales, alors que la flambée des prix de la banane en Algérie suscite de vives interrogations.
Actuellement, le prix de la banane a connu une hausse vertigineuse, passant de 450 à 700 dinars algériens par kilogramme en l’espace de quelques jours. Pourtant, sur le marché international, son cours reste stable, oscillant autour d’un demi-dollar (environ 240 DA sur le marché informel). Cette augmentation spectaculaire ne semble pas trouver de justification économique logique, d’autant que les coûts d’importation et de transport n’ont pas subi de changements notables.
Le ministre du Commerce et de la Régulation du marché intérieur, Tayeb Zitouni, s’est exprimé à plusieurs reprises sur ce phénomène récurrent d’explosion du prix des bananes, mais la situation demeure inchangée en Algérie. En dépit des quotas d’importation accrus et des mesures dites « draconiennes » de régulation, le marché semble toujours contrôlé par un nombre restreint d’importateurs. Ce « cartel de la banane », composé d’une poignée d’acteurs, impose sa loi, limitant artificiellement l’offre et maintenant des prix élevés.
Bananes en Algérie : les réactions se multiplient
Face à cette situation, plusieurs associations de protection des consommateurs montent au créneau. L’Association de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce) a appelé à une enquête approfondie sur cette hausse injustifiée. « Il est urgent que les autorités interviennent pour réguler ce marché et sanctionner les spéculateurs », affirme Benlaraj Mohamed Lotfi Wahid, membre de l’Apoce. Il dénonce une « mafia de la banane » qui fausse les prix et impacte l’ensemble du marché des fruits.
Le président de l’Apoce, Mustapha Zebdi, enfonce le clou en accusant directement les importateurs et grossistes de pratiques anticoncurrentielles. « Les prix internationaux sont stables. C’est une manipulation pure et simple du marché local pour maximiser les profits », affirme-t-il.
L’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a réagi vigoureusement. Elle dément toute implication des commerçants et grossistes dans cette flambée des prix et pointe plutôt du doigt les importateurs. Selon l’UGCAA, ces derniers imposent des prix élevés tout en pratiquant des facturations sous-évaluées, faussant ainsi le marché et déclenchant une hausse artificielle des prix.
Des témoignages relayés sur les réseaux sociaux appuient ces accusations. Ils révèlent des pratiques douteuses où le kilogramme de banane est facturé à 290 DA, puis revendu aux grossistes à un tarif largement supérieur. Dans un système de monopole bien huilé, de nombreux commerçants sont contraints de jouer le jeu sous peine d’être écartés du circuit d’approvisionnement.
En réaction à cette situation, les autorités ont intensifié les contrôles et multiplié les descentes dans les dépôts et marchés de gros. Ces opérations se sont traduites par la saisie de quantités importantes de bananes. Cependant, ces interventions ont aussi engendré une certaine psychose chez les commerçants, certains préférant ne plus exposer de bananes de peur d’être sanctionnés.
Tayeb Zitouni, qui avait promis de sévir contre les pratiques spéculatives, assure que tout a été mis en place pour assurer un approvisionnement stable et à des prix raisonnables. Pourtant, la régulation du marché semble encore loin d’être efficace, et la banane continue d’atteindre des sommets tarifaires.
Pendant ce temps, les consommateurs algériens, pris en étau entre spéculation et absence d’alternatives, n’ont d’autre choix que de subir cette flambée des prix, en espérant que les mesures annoncées porteront enfin leurs fruits.
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