Le paysage des salaires en Algérie se dessine à travers des contrastes parfois saisissants entre les secteurs d’activité, les qualifications professionnelles et les types de structures employeuses. C’est ce que révèle une enquête rigoureuse menée par l’Office national des statistiques (ONS), dont les données portent sur le mois de mai 2022. Cette étude s’appuie sur les réponses de 684 entreprises représentatives de toutes les branches d’activité – à l’exception de l’agriculture et de l’administration – réparties entre 457 entités publiques et 227 structures privées employant chacune au moins 20 salariés.
Premier constat marquant sur les salaires : le salaire net moyen en Algérie atteint 43 500 dinars. Mais derrière cette moyenne nationale se cache une réalité bien plus nuancée. Le secteur public tire nettement son épingle du jeu avec une rémunération moyenne de 61 300 DA, tandis que le privé plafonne à 35 200 DA. Cette différence s’explique notamment par la taille et la nature des entreprises publiques, souvent dotées de régimes salariaux avantageux, en particulier dans les domaines des hydrocarbures, des télécommunications ou encore de la finance.
Les métiers les mieux payés se concentrent dans les industries extractives, qui englobent la production pétrolière, gazière et minière. Avec un salaire net moyen de 114 100 DA, ce secteur dépasse de 2,6 fois la moyenne nationale. Vient ensuite le secteur bancaire et des assurances, dont la rémunération moyenne s’élève à 64 300 DA. Ces montants s’expliquent en partie par une forte présence de diplômés et l’existence de systèmes de primes et d’indemnités spécifiques à ces branches.
À l’inverse, certains domaines affichent des salaires nettement en deçà de la moyenne nationale. La construction, avec 32 900 DA, et les services immobiliers à 36 400 DA, enregistrent les plus faibles niveaux de rémunération. Ces secteurs emploient en majorité des personnels d’exécution, ce qui tire la moyenne salariale vers le bas.
Le niveau de qualification joue également un rôle déterminant. Un cadre touche en moyenne 83 800 DA, contre 51 200 DA pour un agent de maîtrise et 31 200 DA pour un employé d’exécution. Ainsi, un cadre perçoit près du double du salaire net moyen national, tandis qu’un personnel d’exécution ne gagne que 72 % de cette moyenne. Dans certains secteurs comme la santé, l’immobilier ou encore la construction, l’écart se creuse davantage : un cadre peut y percevoir jusqu’à deux fois le salaire moyen de sa section, tandis que l’agent d’exécution n’en reçoit qu’un peu plus de la moitié.
Sans surprise, les cadres, ayant les meilleurs salaires en Algérie, exercent dans les industries extractives, avec un salaire moyen de 137 100 DA, et dans le secteur de la santé, où leur rémunération atteint 100 900 DA. Même parmi le personnel d’exécution, ceux travaillant dans les industries extractives bénéficient de salaires nettement supérieurs : en moyenne 2,5 fois plus élevés que ceux de leurs homologues dans d’autres branches.
Dans le secteur public, les écarts sont également significatifs. Un cadre y perçoit en moyenne 92 300 DA, contre 67 600 DA pour un agent de maîtrise et 42 300 DA pour un agent d’exécution. La construction reste la branche la moins généreuse, avec un salaire moyen de 37 600 DA, tandis que les industries extractives dominent largement avec 115 000 DA.
Du côté du secteur privé, les rémunérations sont plus modestes, mais les écarts entre métiers restent marqués. Le secteur financier se distingue avec un salaire moyen de 76 400 DA, suivi de près par la santé avec 47 700 DA. En revanche, les employés des mines ou des services immobiliers ne perçoivent que 27 200 DA et 30 300 DA respectivement. Les cadres du privé gagnent en moyenne 75 500 DA, soit deux fois plus que le salaire global moyen de leur secteur, tandis que les agents d’exécution ne touchent que 27 800 DA.
La structure même du salaire révèle aussi des éléments intéressants : en moyenne, le salaire de base représente 56 % de la rémunération brute totale, tandis que les primes et indemnités complètent les 44 % restants. Cette répartition varie légèrement selon le niveau de qualification, mais aussi selon le secteur juridique. Ainsi, dans le public, le salaire de base pèse pour 50 % du salaire brut, contre 59 % dans le privé.
Enfin, l’évolution des salaires entre 2021 et 2022 reste timide : l’ONS note une progression moyenne de 1,4 %. Dans le détail, les cadres ont vu leur rémunération augmenter de 1,1 %, les agents de maîtrise de 1,8 %, et les agents d’exécution de 1,5 %.
Ainsi, derrière les chiffres se dessine une photographie précise et contrastée du monde du travail en Algérie. Une réalité où le secteur d’activité, la qualification et le statut juridique de l’entreprise continuent de jouer un rôle prépondérant dans la détermination des niveaux de vie.
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